Algérie : les internautes raillent les « insultes » de leur ministre de l’Intérieur

Les propos du ministre algérien de l’Intérieur, Salah Eddine Dahmoune, qui a qualifié les opposants à la présidentielle du 12 décembre de « traîtres, mercenaires, homosexuels » suscitent un tollé sur les réseaux sociaux.

Salah Eddine Dahmoune, ministre de l’Intérieur algérien. © YouTube/Canal Algérie

Salah Eddine Dahmoune, ministre de l’Intérieur algérien. © YouTube/Canal Algérie

Publié le 5 décembre 2019 Lecture : 2 minutes.

« Insultants », « infâmants », « honteux », « grave dérapage »… les propos du ministre ont enflammé le web algérien, tantôt railleur, tantôt scandalisé. Comme souvent depuis le début en février du Hirak, le mouvement de contestation populaire du régime, nombre d’Algériens ont répondu avec humour.

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Notamment sur Twitter, avec un hashtag en arabe reprenant mot pour mot les adjectifs du ministre. Signifiant « Nous sommes tous des mercenaires pervers et gays », il est mercredi le 2e hashtag le plus utilisé du jour sur le Twitter algérien.

Dans le même esprit, les internautes mobilisent les couleurs du drapeau de la communauté LGBTQ avec le slogan « Qu’ils dégagent tous », antienne des contestataires adressée aux dirigeants algériens. D’autres appellent à l’organisation vendredi, pour la 42e semaine de manifestations du « Hirak », d’une « Gaïd Pride », jeu de mots entre la Gay Pride et le général Ahmed Gaïd Salah, chef de l’armée et homme fort contesté du pays.

Mais certains rient jaune. C’est « une piqûre de rappel du degré de médiocrité de ceux qui dirigent l’Algérie », réagit une internaute sur Twitter. « J’ai du mal à croire que la sortie de l’énergumène faisant office de ministre de l’Intérieur soit un dérapage. C’est une provocation de plus qui cherche à envenimer la situation », à l’approche d’une présidentielle massivement rejetée, fustige plus virulent, Abdelkader, autre twittos algérien.

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De son côté, Hassan met en garde sur sa page Facebook contre une « vulgaire diversion : Ils veulent qu’on regarde ailleurs, qu’on s’occupe de l’accessoire au détriment de l’essentiel ».

Des propos « sortis de leur contexte »

Face à la polémique, le ministre a publié sur sa page Facebook une mise au point. Sans renier ses propos, il affirme qu’ils ont été sortis de leur contexte par ceux qui souhaitent « manipuler l’opinion nationale à l’approche » de la présidentielle.

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Il a affirmé qu’il ne faisait pas référence au mouvement de contestation, mais « à quelques agents, pseudo-algériens, traîtres, qui ont porté les affaires internes de l’Algérie sur la scène internationale (…) donnant l’opportunité à des parlementaires étrangers de s’immiscer dans nos affaires souveraines.

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Le Parlement européen a récemment dénoncé les « arrestations arbitraires » de contestataires en Algérie et appelé à résoudre la crise via « un processus politique pacifique et ouvert », suscitant l’ire d’Alger.

Largement relayés et commentés par les médias privés, les propos du ministre ont été expurgés du terme « homosexuels » dans les médias publics, notamment la chaîne nationale francophone Canal Algérie et l’agence de presse officielle APS.

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