Algérie : le ministre de l’Énergie s’oppose à la cession des actifs d’Anadarko à Total
Mohamed Arkab a déclaré que la cession des actifs d’Anadarko à Total était incompatible avec la législation algérienne. Il a annoncé par la même occasion que Sonatrach pourrait faire usage de son droit de préemption sur les actifs en question.
Le développement des activités de Total en Algérie pourrait être freiné au profit de la Sonatrach, alors que le pays vient d’adopter une loi sur les hydrocarbures censée attirer des investisseurs étrangers. C’est en tout cas le souhait de Mohamed Arkab, ministre algérien de l’Énergie et promoteur de la nouvelle loi, qui a déclaré le 3 décembre que la Sonatrach (détenue à 100 % par l’État algérien) « exercera son droit de préemption sur les intérêts détenus par [la société américaine] Anadarko en Algérie ».
Il entrave ainsi le projet dans lequel Total devait faire l’acquisition des intérêts africains d’Anadarko, alors que le reste du groupe américain a été racheté par son compatriote Occidental Petroleum (Oxy ; décision approuvée le 8 août dernier par les actionnaires d’Anadarko).
Total avait d’ailleurs permis à Oxy de remporter cette acquisition face à Chevron, en s’associant à son offre. Oxy a ainsi racheté Anadarko pour 55 milliards de dollars, Total rachetant pour 8,8 milliards de dollars les actifs africains (en Algérie, au Ghana, au Mozambique et en Afrique du Sud). Cet accord a permis de l’emporter face à l’offre de 33 milliards de dollars proposée par un autre pétrolier américain, Chevron.
Le ministre de l’Énergie invoque la loi pour barrer la route à Total
« Anadarko, partenaire de Sonatrach sur le périmètre de Berkine a sollicité, conformément à la loi sur les hydrocarbures, l’approbation du ministre de l’Énergie, pour le changement de contrôle d’Anadarko Algérie au profit de la compagnie Occidental », indique un communiqué du ministère algérien. L’annonce intervient dans un contexte de tensions politiques en Algérie, notamment après l’adoption d’une loi ouvrant le secteur des hydrocarbures aux capitaux étrangers.
« En vertu de la réglementation en vigueur, le ministre de l’Énergie, Mohamed Arkab, s’est prononcé sur cette opération et a déclaré son incompatibilité avec le maintien d’Anadarko dans le contrat d’association sur le périmètre de Berkine », ajoute le texte, justifiant ainsi la volonté de faire usage du « droit de préemption » de la Sonatrach. Mohamed Arkab avait déjà envisagé au mois de mai de bloquer ce rachat des actifs africains d’Anadarko par Total, avant de se raviser.
Si les détails motivant cette annonce n’ont pas encore été fournis par les autorités, ils permettront de préciser quelles suites juridiques pourraient résulter de cette décision, qu’il s’agisse de recours éventuels devant la justice algérienne ou devant une cour d’arbitrage internationale.
1,2 milliard de barils prouvés pour 8,8 milliards de dollars
Implantée en Algérie depuis 1952, avant même l’indépendance du pays, Total se présente comme « un acteur historique de l’exploration-production en Algérie ». Le groupe y extrait, produit et exporte du gaz et des produits pétroliers en partenariat avec la Sonatrach.
Le contrat prévu avec Anadarko devaient rendre Total opérateur des blocks 404a et 208 avec une participation de 24,5 % dans le bassin du Berkine (champs de Hassi Berkine, Ourhoud et El Merk) dans lesquels le groupe détient déjà 12,25 % des parts. En 2018, la production de ces champs a été de 320 000 barils équivalents pétrole par jour.
Au niveau continental, la cession d’Anadarko à Total devrait représenter environ 1,2 milliard de barils de réserves prouvées et probables, dont 70 % de gaz, ainsi que 2 milliard de barils de ressources long terme de gaz naturel au Mozambique.
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