Algérie : ce qu’il faut retenir des premières audiences du procès des hommes de Bouteflika
Les deux jours d’ouverture du premier grand procès de la corruption des années Bouteflika, faisant comparaître devant le tribunal d’Alger pas moins de deux ex-Premiers ministres, ministres et autre hommes d’affaires, ont mis en lumière les jeux de pouvoir sous le règne de l’ancien raïs, malgré quelques absences notables.
Mascarade et parodie pour les uns, promesse de réparation et vérité pour les autres, le procès pour corruption présumée qui s’est ouvert mercredi 4 décembre au tribunal algérois de Sidi M’Hamed est le premier d’une longue série d’affaires pour lesquelles plusieurs hauts responsables et businessmen en vue sous le régime d’Abdelaziz Bouteflika (1999-2019) sont incarcérés.
Boycotté par une partie des avocats de la défense, qui dénoncent des atteintes procédurales et un simulacre de justice, ce procès porte sur le dossier des usines de montage automobile ainsi que le financement de la campagne électorale, en février 2019, pour un cinquième mandat de l’ex-président – élément déclencheur de la révolution qui a abouti à la chute du vieux raïs, le 2 avril dernier.
Filmées et projetées sur des écrans installés à l’extérieur de la salle d’audience, les séances ont attiré une foule nombreuse. L’engouement était tel que l’ouverture du procès a dû être reportée de quarante-huit heures, lundi 2 décembre, en raison d’une énorme pagaille dans la salle.
En dépit du caractère illégal de cette diffusion, la chaîne de télévision privée Ennahar retransmet également en direct les audiences. Sur les réseaux sociaux, les péripéties, révélations et images de ces puissants d’hier dans le box des accusés déchaînent les passions, et ce d’autant plus que ce procès intervient en pleine campagne avant l’élection présidentielle du 12 décembre. Certains y voient d’ailleurs une manœuvre pour détourner la révolution, d’autres un règlement de comptes ou encore une manière de gagner les faveurs de l’opinion.
950 millions de dollars de préjudice
Qui aurait cru, il y a un an, que les deux ex-Premiers ministres Abdelmalek Sellal et Ahmed Ouyahia, des ministres de leurs gouvernements ainsi que de puissants hommes d’affaires proches du clan présidentiel, allaient se retrouver aujourd’hui face à des juges pour répondre de soupçons de corruption et d’abus d’autorité ? Sans préjuger de la suite de la procédure, ces deux premières journées d’audience ont permis une plongée dans le système de gouvernance mis en place par le président et ses hommes, particulièrement lors des dernières années de ce long règne de vingt ans.
Bien s’informer, mieux décider
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