Présidentielle en Algérie : les candidats à la télévision pour un débat inédit, le Hirak massivement dans la rue

Deux jours avant la fin de la campagne et six jours avant l’élection présidentielle du 12 décembre, les cinq candidats au scrutin ont participé à un débat télévisé inédit, alors même que d’importantes manifestations traversaient les grandes villes du pays.

Un manifestant expose un message pour dire « non au vote », ce vendredi 6 décembre 2019 lors d’une manifestation dans les rues d’Alger. © Toufik Doudou/AP/SIPA

Un manifestant expose un message pour dire « non au vote », ce vendredi 6 décembre 2019 lors d’une manifestation dans les rues d’Alger. © Toufik Doudou/AP/SIPA

Publié le 7 décembre 2019 Lecture : 2 minutes.

Quarante-huit heures avant la fin de la campagne électorale, vendredi 6 décembre, alors que la journée a été marquée par de très importantes manifestations à travers le pays, les cinq candidats à l’élection présidentielle algérienne ont participé à un débat télévisé inédit dans l’histoire du pays.

Ali Benflis, Abdelmadjid Tebboune, Azzedine Mihoubi, Abdelaziz Belaïd et Abdelkader Bengrina ont répondu tour à tour à quatre journalistes, avec pour chaque question deux minutes chronométrées pour développer leur réponse.

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Sans qu’un débat n’ait pu réellement s’installer, ils ont plaidé pour leurs programmes en s’en tenant à des généralités, chacun essayant de se montrer proche du Hirak – qui s’oppose pourtant à la tenue des élections le 12 décembre prochain.

Cette soirée, organisée par l’Autorité nationale indépendante des élections, a été diffusée en direct sur des chaînes publiques et privées du pays, à la télévision et à la radio. Elle a été conclue par un temps de parole de trois minutes accordé à chaque candidat pour qu’il expose ses souhaits pour le peuple.

Les cinq candidats à l'élection présidentielle algérienne lors du débat télévisé. © Capture d’écran YouTube

Les cinq candidats à l'élection présidentielle algérienne lors du débat télévisé. © Capture d’écran YouTube

« Les autorités électorales ne devraient pas organiser de débats. Elles devraient organiser des élections », a commenté avant l’événement Belabbes Benkredda, fondateur et président de l’ONG Munathara, basée à Tunis et qui a récemment organisé les débats des élections tunisiennes. Selon lui, l’exercice proposé dans le cas algérien « ne répond pas aux normes internationales de transparence et d’indépendance vis-à-vis de l’État ».

« Makache vote »

Dans le même temps, des manifestations d’une ampleur exceptionnelle ont eu lieu à travers le pays à l’occasion du 42e vendredi – dernier avant l’élection présidentielle – consécutif de mobilisation. À Alger notamment, la participation, impossible à évaluer précisément en raison de l’absence de comptage officiel, semblait comparable à celle du 1er novembre dernier – lorsque la marche a coïncidé avec le 65e anniversaire du début de la guerre d’indépendance – et à celles des plus grandes manifestations de mars, avril et mai.

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Les manifestants, parmi lesquels beaucoup de femmes, criaient à l’unisson des slogans comme « Makache (pas de) vote », « État civil et non militaire », « Pas de marche arrière », « Pas de vote, on jure que l’on ne s’arrêtera pas ».

Après avoir obtenu en avril la démission d’Abdelaziz Bouteflika, président pendant vingt ans, le mouvement populaire de contestation qui agite le pays depuis février réclame désormais le démantèlement de la totalité du « système », au pouvoir depuis l’indépendance du pays en 1962. Le mouvement (« Hirak ») estime que la présidentielle du 12 décembre ne vise qu’à permettre à ce même « système » de ce régénérer.

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« Élan populaire »

S’exprimant un vendredi pour la première fois depuis le début du Hirak, le général Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major de l’armée, a évoqué dans un discours « une échéance cruciale et importante, à savoir l’élection présidentielle du 12 décembre qui sera, grâce à l’aide d’Allah le Tout-puissant, une fête électorale, à travers laquelle se réalise la volonté populaire ».

En dépit d’une répression des manifestations qui, selon Amnesty International, s’est « intensifiée » à l’approche du 12 décembre, la contestation a montré vendredi qu’elle restait massivement mobilisée contre le scrutin, pour lequel le pouvoir affirme voir « un élan populaire ».

Pour les Algériens établis à l’étranger, les bureaux de vote ont ouverts ce samedi 7 décembre.

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