[Tribune] Les mégapoles africaines doivent répondre à l’attente des jeunes

Face au défi de l’urbanisation, l’Afrique doit se préparer pour répondre aux objectifs de développement durable, et la technologie peut y jouer un rôle considérable.

La ville d’Hawassa, capitale régionale dans le sud de l’Éthiopie le 21 novembre 2019. © MICHAEL TEWELDE/AFP

La ville d’Hawassa, capitale régionale dans le sud de l’Éthiopie le 21 novembre 2019. © MICHAEL TEWELDE/AFP

  • Bandar Hajjar

    Président du groupe de la Banque islamique de développement

Publié le 9 décembre 2019 Lecture : 3 minutes.

Le monde s’urbanise rapidement et les populations croissantes sont amenées à vivre dans de nouvelles mégalopoles en expansion constante.

Nulle part cela n’est plus juste qu’en Afrique !

la suite après cette publicité

Sur l’ensemble du continent, nous aurons 14 mégapoles en pleine expansion d’ici 2050. Chacune d’entre elles représente un îlot de jeunesse riche en potentiel ; notre population africaine jeune atteint 830 millions d’habitants, dont près d’un tiers de la jeunesse de la planète vit en Afrique subsaharienne.

Nous avons aujourd’hui trois villes de plus de dix millions d’habitants : Lagos (14 millions d’habitants), Kinshasa (13 millions d’habitants) et Le Caire (20 millions d’habitants). Au cours de la prochaine décennie, trois autres mégalopoles se joindront à la liste, à savoir Luanda en Angola, Dar es Salaam en Tanzanie et Johannesburg en Afrique du Sud, ainsi que huit autres, dont Dakar, la capitale du Sénégal, d’ici 2050.

Ce sont ces jeunes populations, les « Méga Jeunes », qui doivent être au centre du plan d’avenir de notre continent.

Le défi de l’urbanisation en Afrique

Sans orientation claire, un grand nombre de ces jeunes pourraient faire partie du milliard de personnes qui devraient vivre dans des taudis d’ici le milieu du siècle, puisque 68 % de la population mondiale choisit de vivre dans les villes.

Le bidonville de Katanga, dans la capitale ougandaise de Kampala, le 18 décembre 2012. © Michele Sibiloni/AFP

Le bidonville de Katanga, dans la capitale ougandaise de Kampala, le 18 décembre 2012. © Michele Sibiloni/AFP

la suite après cette publicité

À ce jour, comparé aux autres progrès des objectifs de développement durable dans le monde, l’Objectif 11 des ODD, Villes et communautés durables, a été extrêmement lent. Il s’est avéré que son financement était nettement insuffisant (5,8 milliards de dollars contre 21,2 milliards de dollars pour l’ODD 3), ce qui signifie que le moment d’agir de façon inspirée, c’est maintenant…

À bien des égards, nous devrions également tirer les leçons de nos récents progrès et erreurs – alors que le continent est passé de 15 % de la population urbaine dans les années 60 à plus de 40 % aujourd’hui – un changement qui a pris plus de 400 ans en Europe.

la suite après cette publicité

La manière dont nous préparons les futurs habitants des villes intelligentes africaines sera cruciale, notamment en raison du taux élevé de primauté urbaine (où une ville est plusieurs fois plus grande qu’une autre proche). Cela signifie qu’une énorme pression sera exercée sur les structures physiques, politiques, économiques et sociales de ces lieux.

Le logement abordable, les transports sûrs et durables, les migrations de masse, le changement climatique et la pollution devront également figurer au premier rang des priorités, tandis que les jeunes Africains devront également concevoir que l’éducation est le meilleur outil pour parvenir au développement durable.

Aujourd’hui, au Sénégal, qui accueille le Tranformers Summit, le gouvernement procède à la transition nécessaire à notre avenir. Le pays possède la troisième économie à la croissance la plus rapide du continent, avec une croissance annuelle du PIB de 7%. En 2018, dans le cadre de sa feuille de route économique pro-entreprise, le Sénégal a récemment annoncé le déploiement d’un fonds de 50 millions de dollars dédié à  l’investissement dans les projets numériques et nous avons prévu de former 100 000 entrepreneurs.

Le gouvernement du Sénégal collabore étroitement avec le groupe de la Banque islamique de développement (BID) pour trouver des moyens efficaces de promouvoir les programmes d’emploi, la microfinance, les bourses d’études, l’esprit d’entreprise et le développement des capacités dans les villes.

Financer l’innovation à l’échelle de la ville

La BID a activement lancé un fonds pour la science, la technologie et l’innovation afin d’accélérer les progrès dans les villes du monde entier. Le Fonds Transform est un fonds d’innovation et de technologie d’un montant de 500 millions de dollars qui fournit un capital d’investissement aux jeunes entreprises et aux PME afin de faciliter le progrès économique et social dans leurs villes et leurs communautés respectives.

Cette semaine, nous espérons voir une image encore plus claire lorsque nous nous réunirons au Sommet des transformateurs de la Banque islamique de développement à Dakar, au Sénégal, afin de déterminer comment nous ferons face à ces énormes défis dans les décennies à venir.

Vue aérienne de la smart city © Medine Ltd

Vue aérienne de la smart city © Medine Ltd

Le Transformers Summit célébrera les jeunes leaders de demain – la prochaine génération d’entrepreneurs, d’innovateurs et de visionnaires exploitant le potentiel scientifique et technologique pour proposer de nouvelles solutions liées à l’ODD 11 – ainsi que des experts confirmés qui comprendront les défis auxquels nous sommes confrontés.

La voie à suivre nécessite des solutions innovantes et diverses et notre énergie doit être concentrée – mais le prix sera un avenir prospère pour un jeune continent prospère.

L'éco du jour.

Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.

Image

La rédaction vous recommande

Révolution capitale : comment l’Afrique réinvente ses villes

Contenus partenaires