Présidentielle en Algérie : cinq choses à savoir sur Abdelaziz Belaïd, le benjamin de l’élection

La campagne électorale s’est achevée dimanche pour les cinq candidats à la présidentielle. À la veille du premier tour du scrutin, Jeune Afrique vous résume ce qu’il faut savoir sur l’ex-député FLN Abdelaziz Belaïd, le seul à n’avoir pas occupé de fonction ministérielle sous le règne d’Abdelaziz Bouteflika.

Le candidat Abdelaziz Belaïd lors d’un meeting électoral à Alger, samedi 7 décembre 2019. © Fateh Guidoum/AP/SIPA

Le candidat Abdelaziz Belaïd lors d’un meeting électoral à Alger, samedi 7 décembre 2019. © Fateh Guidoum/AP/SIPA

Publié le 9 décembre 2019 Lecture : 4 minutes.

Malgré une forte contestation populaire et des meetings chahutés, les candidats à l’élection présidentielle du 12 décembre ont mené campagne jusqu’au bout. Ils ont tenté de défendre leur programme, notamment vendredi 6 décembre, lors du premier débat télévisé de l’histoire algérienne.

Abdelaziz Belaïd, président du Front El-Moustakbel et déjà candidat en 2014 – il avait alors rassemblé 3 % des voix, loin derrière l’ancien président Abdelaziz Bouteflika et Ali Benflis (12 %) – , est l’un des premiers à avoir officiellement déclaré, dès janvier 2019, qu’il se présenterait à l’élection initialement prévue le 18 avril.

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Il avait ensuite été l’un des rares à maintenir son dossier pour l’édition reportée au 4 juillet, avant de se retirer finalement de la course en mai, en amont de l’annonce officielle d’annulation. Malgré son statut d’outsider, il se dit optimiste sur ses chances de l’emporter dans les urnes jeudi prochain. JA vous résume ses principaux arguments.

• Benjamin

Né le 16 juin 1963 (56 ans), Abdelaziz Belaïd est le plus jeune des cinq candidats à la présidentielle. S’il fait partie de la génération d’hommes politiques nés après l’indépendance, il n’a rien d’un novice et connaît parfaitement les arcanes du pouvoir algérien pour les avoir côtoyées bien assez tôt. Précoce, il a commencé à militer au Front de libération nationale (FLN) à 23 ans, devenant ainsi le plus jeune membre du comité central, lors de son adhésion au parti en 1986. En 2014, il état déjà le benjamin du scrutin présidentiel.

Le candidat Abdelaziz Belaïd lors d'un meeting électoral à Alger, samedi 7 décembre 2019. © Fateh Guidoum/AP/SIPA

Le candidat Abdelaziz Belaïd lors d'un meeting électoral à Alger, samedi 7 décembre 2019. © Fateh Guidoum/AP/SIPA

• Ex-député FLN

S’il est le seul parmi les cinq candidats à ne pas avoir occupé de fonction ministérielle sous le régime Bouteflika, le candidat Belaïd n’est pas pour autant complètement étranger. Lentement mais sûrement, ce natif de Merouana, dans la wilaya de Batna (400 kilomètres au sud-est d’Alger), a gravi les échelons en se traçant un parcours classique de militant nationaliste.

Belaïd est entré au comité central du parti… grâce à l’appui d’un certain Ali Benflis, son ancien mentor et aujourd’hui adversaire

Il a d’abord intégré les Scouts musulmans algériens, puis pris la tête de l’Union nationale des étudiants algériens (UNJA), une organisation satellitaire du FLN au sein des universités. Il est ensuite entré au comité central du parti… grâce à l’appui d’un certain Ali Benflis, son ancien mentor auquel il est aujourd’hui opposé dans la course à la magistrature suprême. Abdelaziz Belaïd a aussi été député FLN de la wilaya d’Alger durant près de dix ans, entre 1997 et 2007, avant de fonder en 2012 son propre parti, le Front El-Moustabkel.

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• « Famille estudiantine »

Diplômé en médecine et en droit, Abdelaziz Belaïd a toujours été lié au monde universitaire. Ancien président du bureau des étudiants de Batna, il est aussi resté à la tête de l’UNJA de 1999 à 2004. Désormais, il courtise ouvertement cette catégorie de la population, fer de lance de la contestation, en appelant les organisations estudiantines à soutenir sa candidature.

Lors de ses meetings, il s’est engagé à résoudre les multiples problèmes auquel est confrontée l’université algérienne, déclarant que « l’Algérie a besoin de son élite », et que son projet de « nouvelle République » ne se fera pas sans la contribution de la « famille estudiantine ».

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Durant sa campagne, il a également été accusé d’utiliser les universitaires pour remplir les salles. Une vidéo, diffusée sur les réseaux sociaux, montre en effet des étudiants acheminés par bus scolaire. Furieux, ces derniers expliquent qu’ils devaient se rendre en excursion, avant de s’apercevoir qu’il s’agissait d’un meeting électoral. Ils ont alors scandé des slogans anti-vote et forcé les chauffeurs de bus à rebrousser chemin.

https://www.facebook.com/THE.DZ.REVO/videos/2423840361209294/?v=2423840361209294

• Justice internationale

Lui président, exit le tribunal de Sidi M’Hamed à Alger ou la Haute Cour de l’État, prévue par la Constitution et censée juger le président de la République ou le Premier ministre, mais qui n’a jamais été installée. Le candidat Belaïd propose à la place de traduire les anciens responsables « devant des tribunaux internationaux, et pas seulement en Algérie ».

Le désastre que les anciens dirigeants ont causé est plus ravageur que le colonialisme ou le terrorisme

« Les familles ont été appauvries, l’économie ruinée et nos jeunes meurent en mer. Le désastre que ces personnes ont causé est plus ravageur que le colonialisme ou le terrorisme (…). Je demande aujourd’hui un procès international pour toutes les affaires liées à la trahison du peuple », a-t-il déclaré, mardi 3 décembre, lors d’un meeting à Tebessa, dans l’extrême-est du pays – reprenant le terme d’issaba (bande), utilisé par les manifestants pour désigner les responsables politiques et hommes d’affaires corrompus.

"Le peuple décide", slogan du candidat Abdelaziz Belaïd pour l'élection présidentielle algérienne du 12 décembre 2019. © Fateh Guidoum/AP/SIPA

"Le peuple décide", slogan du candidat Abdelaziz Belaïd pour l'élection présidentielle algérienne du 12 décembre 2019. © Fateh Guidoum/AP/SIPA

• Tentative d’assassinat ?

Abdelaziz Belaïd dit avoir été victime d’une tentative d’assassinat, tard dans la soirée du mercredi 7 janvier 2004, alors qu’il quittait le centre international de la jeunesse de Sidi Fredj, à l’ouest d’Alger. C’est l’UNJA, organisation dont il était à l’époque le secrétaire général, qui avait annoncé quelques jours après l’événement qu’il avait été « surpris » par les tirs « d’un individu descendu d’un véhicule léger ».

Des gardiens du centre étaient alors intervenus, faisant fuir l’assaillant. « Il peut s’agir d’une tentative d’intimidation, comme il peut s’agir d’un acte criminel », avait expliqué Belaïd à la presse algérienne. Coïncidence ou pas, cet épisode était survenu alors qu’une guerre fratricide opposait le clan du président Bouteflika, candidat à sa succession lors des élections du printemps 2004, à Ali Benflis, le chef de gouvernement derrière lequel s’était rangé Abdelaziz Belaïd.

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