Vos lettres et emails sélectionnés
Démocratie à l’irakienne
Dans votre article sur le scrutin irakien (voir J.A.I. n° 2300), vous laissez entendre que les électeurs se sont déplacés pour voter contre l’occupation américaine. Ce n’est pas chose certaine. L’invasion de l’Irak par les Américains est injuste, j’en conviens, mais est-ce une raison pour condamner toutes ses conséquences ? Le déboulonnage de Saddam Hussein peut être compris comme un élément positif. L’exercice de la démocratie, concrétisé par ces élections, est une démarche également positive. Le succès des chiites, majoritaires dans le pays, et l’échec du parti d’Iyad Allaoui ne prouvent-ils pas que, tout compte fait, il y a eu moins de « tripotages d’urnes » que dans d’autres pays arabes « non occupés ».
Kadhafi et l’opéra
Je suis libyen, marié à une Tunisienne et résident tunisien. Lecteur depuis vingt ans, j’ai sursauté en voyant le Confidentiel intitulé « Kadhafi, héros d’opéra » (voir J.A.I. n° 2297). Cet « homme d’origine modeste qui devient un dirigeant politique puissant et influent » n’est pas sans reproche.
– Il a fait pendre de jeunes activistes (parmi lesquels se trouvait un de mes cousins) dans la cour de l’université de Tripoli et celle de Benghazi, obligeant leurs camarades à assister à la scène.
– Il a liquidé ses opposants, qu’il appelait des « chiens égarés » en Libye comme à l’étranger.
– Il a écarté ses compagnons de la première heure.
– Il est responsable des attentats contre le DC-10 de la compagnie UTA, qui a explosé au-dessus du Ténéré, au Niger, et de celui de Lockerbie. Les contribuables libyens ont dû verser des millions de dollars aux proches des victimes. Le crime de sang s’est ainsi doublé d’un crime économique : la dilapidation des deniers publics.
– Il se transforme maintenant en garde-côte pour le compte des Européens en guettant, séquestrant et expulsant tous les ressortissants noirs clandestins, candidats à l’immigration illégale chez les riches Blancs, au grand dam de l’Union africaine qu’il a « créée ».
Tests criminels
J’ai été très intéressée par l’enquête que vous avez publiée sur les cobayes humains recrutés au Cameroun pour tester un médicament préventif contre le sida (voir J.A.I. n° 2300). Il est très choquant de constater qu’une fois de plus la cupidité des hommes a primé la morale et que notre continent a été utilisé comme un champ d’expériences, sans le moindre scrupule.
Les Comores à l’honneur
À l’instar de la chaîne Al-Jazira, Jeune Afrique/l’intelligent s’intéresse, ces derniers mois, à la vie politique, économique et sociale des Comores (voir J.A.I. n° 2301). Cette initiative mérite encouragements et remerciements. La communauté comorienne qui vit hors du pays peut ainsi suivre l’évolution de l’archipel.
J.A.I. au Japon
Je suis un amoureux de J.A.I. Jadis, je devais attendre que mes amis abonnés terminent leur lecture pour y avoir accès. Ce n’est désormais plus le cas. La Congrégation de l’immaculé coeur de Marie – Pères de Scheut m’a offert un abonnement et je tiens à lui exprimer toute ma gratitude à travers vos colonnes. Je pourrai maintenant réagir aux problèmes de l’Afrique. J’adresse mes félicitations à Béchir Ben Yahmed pour ses sages analyses. Je le prie aussi de former à son école nombre d’autres journalistes de J.A.I. À toute l’équipe, je souhaite beaucoup de succès.
Johnny Ntumba Dipa, Osaka, Japon
« L’un vole, l’autre sécurise »
Dans votre article (Voir J.A.I. n° 2300) vous écrivez que « c’est une Néerlandaise de souche qui a causé la mort d’un Marocain ». Le Telegraf du 20 janvier 2005 apporte une rectification : la conductrice incriminée, Germaine C., 43 ans, est originaire du Surinam, ancienne colonie néerlandaise d’Amérique du Sud.
Cela dit, les Noirs ne sont pas épargnés par la xénophobie montante au royaume des Bataves. Le 10 février 2005 le journal De Limburger a publié un article intitulé : Een electrische Stoel voor Negers (traduction : une chaise électrique pour les Noirs). Heureusement, les pouvoirs publics n’épousent pas les idées obscurantistes des minorités d’extrême droite. Ils ont décidé de porter plainte contre les auteurs de ce texte raciste.
Réponse : Vous avez raison. Mais, curieusement, la police a attendu une semaine avant de révéler les détails de l’affaire, sans doute pour ne pas envenimer les rapports entre communautés. Au moment où nous avons rapporté l’incident, tout le monde croyait que l’automobiliste était une Néerlandaise « de souche ». F.L.
2005 démarre sous de bons auspices
Fouad Laroui estimait dans son Post-scriptum que « L’année 2005 commence plutôt mal ». (voir J.A.I. n° 2296). Je suis persuadé du contraire. Pour justifier mon optimisme et sans prétendre détenir les dons de voyant, observez quelques événements :
– dans les régions touchées par le raz-de-marée du 26 décembre 2004, on voit renaître l’espoir. Le monde est venu porter secours en un temps record et appelle maintenant à la reconstruction ;
– en Indonésie, la guérilla tend la main au pouvoir ;
– l’espèce humaine a pris conscience qu’elle est condamnée à vivre dans un même environnement, confrontée aux mêmes dangers et liée par les mêmes besoins et intérêts.
Ailleurs dans le monde, il y a eu :
– une élection sans heurts dans les territoires palestiniens, suivie de contacts entre le Premier ministre israélien Ariel Sharon et le nouveau président palestinien Mahmoud Abbas ;
– des élections en Irak ;
– des accords de paix au Soudan ;
– des prémices de paix en Somalie ;
– des réformes en vue pour la Ligue arabe ;
– un retour à la paix en Algérie ;
– des relations consolidées entre les deux rives de la Méditerranée ;
– de bonnes nouvelles pour l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne ;
– une normalisation de la situation en Afghanistan ;
– un projet de « plan Marshall » pour l’Afrique.
Tout cela est agrémenté de la condamnation unanime du terrorisme. Les doctrines fondées sur les luttes éternelles entre monde des ténèbres et de la lumière sont révolues.
Confiant et appréciant l’esprit critique d’analyse satirique imprégnée de beaucoup d’humour de Fouad Laroui, je l’invite, ainsi que tous les journalistes de Jeune Afrique/ l’intelligent, à s’armer d’espoir pour ce qui reste de 2005 et pour un meilleur avenir.
Ce que la France défend en Côte d’Ivoire
La ministre française de la Défense, Michèle Alliot-Marie, affirme que la France a « peu de ressortissants » et « pas d’intérêts économiques ou militaires majeurs » en Côte d’Ivoire (voir J.A.I. n° 2300). Pourtant, sauf erreur de ma part, la communauté française dans ce pays est l’une des plus importantes d’Afrique subsaharienne. Sinon comment expliquer les 190 millions d’euros investis chaque année dans l’entretien de la force Licorne ?
Laurent Dona Fologo, président du Conseil économique et social ivoirien, avait déjà compris, en 2003, ce que la France défendait dans ce pays. En réponse à la question d’un journaliste, peu avant les assises de Marcoussis, il déclarait : « La France ne peut pas se permettre d’échouer en Côte d’Ivoire, sinon c’en sera fini de son influence en Afrique et, au-delà, dans le monde. » La ministre en est consciente. C’est pourquoi, malgré la caducité des accords de Marcoussis, elle s’y accroche.
Zeh bi Zeh
Gabon
Paris n’est pas Kaboul
Je suis indigné par votre « Humeur » sur les musulmanes (voir J.A.I. n° 2299). Quel mal y a-t-il à ne regarder que la chaîne Al-Jazira ? Il y a des millions d’Américains qui ne regardent que Fox News, caricature de l’administration dirigée par les « néocons ». À partir d’un entretien avec deux jeunes filles, vous jetez le discrédit sur tous les musulmans de France. Pourquoi ne parlez-vous pas des évangélistes américains qui prêchent la conversion ou l’élimination de tous les musulmans ? Pourquoi ne parlez-vous pas de la dérive autoritaire de votre pays, qui se manifeste par la désignation d’une communauté comme étant le « mal à combattre », par la création d’une police spéciale visant à contrôler cette communauté, par la promulgation de lois liberticides, par l’incitation à la délation, par la création de camps où le droit ne s’applique pas, etc. ?
A.D. Paris
Plaidoyer pour les élections en RDC
Le grand rendez-vous électoral convenu lors du dialogue intercongolais de Sun City (Afrique du Sud) en 2002 a été fixé à la date du 30 juin 2005. Nous pourrons enfin nous affranchir du joug des usurpateurs et de l’oppression politique extérieure. Nous tournerons la page des dictatures, des répressions aveugles, des massacres, des assassinats politiques, de la guerre civile, des pillages, du mensonge et de la corruption que nous subissons depuis quarante-quatre ans. Il nous appartient maintenant de bâtir une nation puissante, prospère et ouverte sur le reste du monde. À cela, une seule condition : aller voter.
Plan Marshall pour l’Afrique
On ne peut que se féliciter de la prise en compte, par le discours anglo-français, de la situation d’urgence dans laquelle se trouve le continent africain. Mais je suis sceptique quant à l’efficacité d’une grosse poignée de billets de banque. D’une part, ils risquent de finir dans les poches habituelles, d’autre part il ne faut pas oublier que l’Europe, même après la guerre, avait conservé un bagage économique, juridique et social qui lui a permis de se redresser rapidement. L’Afrique n’en est pas encore au stade où il suffit d’un coup de pouce financier pour vaincre les difficultés. Un vrai travail de fonds, collectif, est nécessaire.
Bart Van Vliet, France
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