Vaches maigres

Hormis le Sénégal et la Côte d’Ivoire, les pays africains ne feront qu’une apparition timide à la grand-messe parisienne.

Publié le 23 février 2005 Lecture : 4 minutes.

Comme chaque année, l’agriculture tiendra salon – du 26 février au 6 mars – dans la capitale française. Depuis sa création, en 1964, le Salon international de l’agriculture (SIA) connaît un succès qui ne se dément pas. L’année dernière, plus de 700 000 visiteurs ont arpenté les 147 000 m2 du Parc des expositions de la porte de Versailles. Citadins impatients de voir de près à quoi ressemble une vache, hommes politiques en campagne à l’écoute des revendications de la France « profonde », agriculteurs fiers de présenter leurs meilleurs produits, syndicalistes pressés de signifier leurs doléances, le SIA est un rendez-vous à ne pas manquer. Entre le concours du plus beau cochon et celui de la plus belle vache laitière, on s’émerveille, on discute, on râle, on marchande, et on enrichit son carnet d’adresses.
Si l’agriculture française tient la vedette avec 700 producteurs des 22 régions françaises et d’outre-mer, les étrangers sont de plus en plus nombreux : 1 000 exposants de 30 pays seront présents dont, pour la première fois, la Chine et le Brésil. L’Europe sera à l’honneur lors de cette édition. « La Commission européenne disposera d’une surface quatre fois plus importante que les années précédentes, et le but sera de présenter les dix nouveaux États membres », a expliqué Christian Patria, le président du Salon. Conséquence directe : très peu d’Africains ont été officiellement invités, hormis un Camerounais et un Sénégalais, explique-t-on à l’Adepta (Association pour le développement des échanges internationaux de produits et techniques agroalimentaires), chargée de les accueillir. Toutefois, plusieurs pays feront, comme chaque année, le déplacement d’eux-mêmes. La Côte d’Ivoire fêtera ses dix ans de participation avec un grand stand de 100 m2 où seront exposés des produits divers et variés : café, cacao, coton, fruits et légumes, produits textiles et artisanaux. Une délégation d’une vingtaine de personnes, dont le ministre de l’Agriculture, Amadou Gon Coulibaly, et celui de la Production animale, Adjoumani Kobenan, est attendue. « Les gens pensent que la Côte d’Ivoire est en crise et que l’agriculture est totalement dévastée, explique Barakissa Coulibaly, du ministère de l’Agriculture. Or ce n’est pas vrai, nos planteurs continuent à travailler, et nous allons faire connaître leurs produits. »
Le Sénégal sera également au rendez-vous pour la cinquième année consécutive. Thierno Ndoye, consultant chargé de l’organisation du stand national, explique avoir mis « le paquet » sur la réussite de l’événement. Une équipe de designers sénégalais et français a aménagé un espace de 150 m2 sur lequel seront exposés des produits frais (fruits et légumes) et agroalimentaires. Le grand public et les VIP pourront déguster les spécialités locales (tiéboudienne, mafé…). Habib Sy, ministre de l’Agriculture et de l’Hydraulique, Oumou Khaïry Guéye Seck, ministre de l’Élevage, des membres de la présidence, des députés et des chefs d’entreprise seront du voyage, ainsi que, bien sûr, plusieurs agriculteurs. « Ce salon permet à nos producteurs de découvrir de nouvelles expériences, de nouveaux produits et de rencontrer leurs homologues étrangers, principalement français », souligne N’Diobo Diene, directeur de l’analyse au ministère de l’Agriculture et principal organisateur du Dakar agricole (qui s’est tenu dans la capitale sénégalaise les 4 et 5 février). Le SIA 2005 sera l’occasion de faire la synthèse des résultats de cet événement et de présenter la deuxième édition du Forum, en 2007.
En marge de la manifestation, la signature d’une convention de coopération entre le ministre sénégalais et son homologue français, Dominique Bussereau, est programmée. D’autres pays du continent, dont le Mali, le Cameroun, le Maroc et l’Algérie, seront également représentés par des coopératives et des entreprises privées, mais sur des stands bien plus réduits. Des délégations ghanéennes et nigériennes devraient aussi faire le déplacement.
Le SIA, c’est enfin l’occasion de traiter des questions liées à la recherche agricole et au développement durable. Le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) exposera ses réflexions sur le thème des « agricultures familiales ». Seront abordés, sur le stand et lors d’une conférence-débat à laquelle plusieurs personnalités africaines seront invitées à participer, les défis des pays du Sud face à la diminution des soutiens publics, l’ouverture des marchés et la prise en compte des préoccupations environnementales. « Il s’agit de savoir comment ces agricultures vivent, comment elles s’adaptent, comment elles innovent et ce que la recherche peut leur apporter », explique Patrick Caron. Des portraits de familles d’agriculteurs du Brésil, de Thaïlande, de Madagascar et du Cameroun seront présentés. Le ministre brésilien de l’Agriculture, invité dans le cadre de l’année du Brésil en France, interviendra sur le stand du Cirad. L’association Agriculteurs français et développement international (AFDI), créée par des organisations professionnelles agricoles françaises, témoignera de son action de soutien aux groupements de producteurs dans les pays du Sud, et principalement en Afrique. Tout comme Agronomes et vétérinaires sans frontières (AVSF), une ONG très active sur le continent. Membre fondateur de l’association Max Havelaar, AVSF sera, en outre, le porte-voix du développement du commerce équitable avec les pays du Sud.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires