Présidentielle en Algérie : cinq choses à savoir sur le candidat Abdelkader Bengrina

Ex-ministre du Tourisme, cet outsider de la présidentielle du 12 décembre a mené campagne en s’autoproclamant candidat du Hirak, islamiste et anti-français, multipliant les actions et formules chocs. Au risque de s’attirer les moqueries des réseaux sociaux.

Abdelkader Bengrina, candidat à l’élection présidentielle du 12 décembre 2019. © DR

Abdelkader Bengrina, candidat à l’élection présidentielle du 12 décembre 2019. © DR

Publié le 11 décembre 2019 Lecture : 3 minutes.

Abdelkader Bengrina, 57 ans, originaire du sud algérien (Ouargla), se présente au scrutin présidentiel du 12 décembre sous la bannière du mouvement El Bina, petite formation politique membre d’une coalition islamiste (Nahada-Adala-Bina) dont est notamment issu le président de l’Assemblée populaire nationale (APN), Slimane Chenine.

Proche de l’islamiste Mahfoud Nahnah, fondateur du Mouvement pour la société et la paix (MSP), il milite à ses côtés jusqu’à sa mort en 2003. Membre du Conseil national de transition (1994-1997), il est nommé ministre du Tourisme et de l’artisanat en 1997, lorsque le MSP intègre pour la première fois le gouvernement, sous la présidence de Liamine Zéroual (1994-1999). Il est également élu député à Alger en 2002, avant de créer, en 2013 avec quelques amis, son propre parti.

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• FIS

Abdelkader Bengrina se targue d’avoir le soutien de la base du Front islamique du salut (FIS) dissous et de ses dirigeants. Il ne bénéficie cependant pas de l’appui des principales formations islamistes légales, telles que le MSP d’Abderrazak Makri ou le Front de la justice et du développement (FJD-Adala) d’Abdallah Djaballah, sous prétexte que Bengrina a « fait partie du régime de Bouteflika ».

Le candidat est le seul à s’être risqué à effectuer – sous forte escorte policière – une sortie de proximité dans les rues de la capitale

Le candidat est cependant le seul à s’être risqué à effectuer – sous forte escorte policière – une sortie de proximité dans les rues de la capitale. Sous les huées des Algérois, il a gravi les escaliers au-dessus de la Grande Poste, lieu emblématique de la contestation, s’autoproclamant candidat du Hirak et s’érigeant en président qui fera trembler l’Europe par ses positions nationalistes et anti-ingérence.

• « L’esprit de 1962 »

Son leitmotiv de campagne : « rendre au pays sa souveraineté nationale, rompre avec la tyrannie et la corruption, et rétablir la confiance entre le peuple et les institutions de l’État ». Il s’engage également à limiter les pouvoirs du président de la République, à renforcer les libertés individuelles et les droits de l’opposition.

Sans condamner ouvertement les arrestations des « détenus d’opinion », il dit vouloir libérer le moudjahid Lakhdar Bouregaa pour « demeurer fidèle à l’esprit de la révolution de 1962 ». Il s’en prend d’ailleurs régulièrement à la France, qu’il accuse de maintenir l’Algérie « sous tutelle ». Il aime ainsi citer Abdelhamid Ben Badis, figure du mouvement réformiste musulman : « Si la France me demande de prononcer la Chahada [profession de foi islamique], je ne le ferais pas. »

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• Mystique

Mystique et adepte de l’islam confrérique, le candidat courtise l’électorat islamiste en promettant aux élèves inscrits dans les écoles coraniques et les zaouïas de les faire accéder à l’enseignement supérieur, dans les spécialités des sciences islamiques et humaines, sans nécessairement passer par le baccalauréat.

Celui qui monte dans la Mazda de l’imam Belkebir a la baraka et devient président. Pour l’instant, il n’y a que moi et Bouteflika qui avons eu ce privilège

Il se dit quasiment certain d’être le futur président de la République car argumente-t-il, il est le seul des cinq candidats à être déjà monté dans la Mazda du défunt Cheikh Sidi Mohamed Belkebir, célèbre imam originaire d’Adrar (Sud). « Celui qui circule dans cette voiture a la baraka et devient président. Pour l’instant, il n’y a que moi et Bouteflika qui avons eu ce privilège », assure-t-il.

Le candidat Abdelkader Bengrina saluant l'assistance avant de participer au premier débat présidentiel de l'histoire algérienne, vendredi 6 décembre 2019. © Fateh Guidoum/AP/SIPA

Le candidat Abdelkader Bengrina saluant l'assistance avant de participer au premier débat présidentiel de l'histoire algérienne, vendredi 6 décembre 2019. © Fateh Guidoum/AP/SIPA

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• Paternalisme

Dernière la promesse du postulant à la magistrature suprême de marier les femmes algériennes célibataires, dont il estime le nombre à 11 millions (sur 41 millions d’Algériens), se cache une certaine promotion de la polygamie.

Mais affronter la colère des associations féministes ne fait pas peur à l’homme politique qui envisage, en outre, de mettre en place un important fonds pour subventionner des ateliers gratuits de couture, de tissage et de confection de gâteaux traditionnels, à destination des femmes qui feront le choix de rester à la maison pour s’occuper de leurs enfants.

• Moqueries

Ses sorties médiatiques font souvent le miel des internautes, notamment lorsque celui qui affectionne costumes et cravates se filme en train d’accomplir la prière sur le trottoir, sans tapis, avec ses chaussures et ses lunettes de soleil. Mais aussi lorsqu’il éclate en sanglot à la récitation de versets coraniques durant un meeting, ou raconte la fameuse histoire de la Mazda de l’imam Belkebir.

Bengrina est également convaincu que la résolution du Parlement européen sur la situation des libertés en Algérie a été adoptée en réaction à sa candidature. « Le Parlement européen a bougé, car le fait que je devienne président lui fait peur », jure-t-il.

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