Présidentielle en Algérie : « La diaspora ne se fait pas d’illusion sur la signification de cette élection »

Si les bureaux se sont ouverts jeudi matin en Algérie, ils le sont depuis samedi à l’étranger, pour permettre aux ressortissants de la diaspora de voter. Un électorat plutôt favorable à Bouteflika jusqu’en 2014, avant de prendre ses distances avec le régime et de contester aujourd’hui la tenue de l’élection, analyse l’historien Pierre Vermeren.

Des passants devant les affiches électorales des candidats à l’élection présidentielle algérienne, jeudi 12 décembre 2019 à Marseille (image d’illustration). © Daniel Cole/AP/SIPA

Des passants devant les affiches électorales des candidats à l’élection présidentielle algérienne, jeudi 12 décembre 2019 à Marseille (image d’illustration). © Daniel Cole/AP/SIPA

Publié le 12 décembre 2019 Lecture : 3 minutes.

Les expatriés algériens ont pu se rendre à partir de samedi dans leur consulat pour élire leur nouveau chef de l’État. Mais au lieu de se ruer vers les urnes, ils ont largement dénoncé cette élection qu’ils n’estiment pas en mesure de rompre avec l’ère d’Abdelaziz Bouteflika, l’ancien président déchu en avril 2019.

Préfigurant ce qu’il allait se passer jeudi 12 décembre à Alger et dans les autres wilayas algériennes, des manifestations ont eu lieu devant les bureaux de vote notamment en France, où réside la grande majorité de ces ressortissants – 700 000 électeurs, contre 200 000 autres en Belgique et en Suisse.

Malgré les nombreuses mobilisations anti-élection en France, en Suisse, à Madrid ou encore à New York, Ali Draâ, le chargé de communication de l’Autorité nationale indépendante des élections (Anie) a qualifié le taux de participation « d’acceptable », sans toutefois communiquer de chiffres. Mardi, après quatre jours de vote – et deux jours avant la fermeture jeudi soir, comme en Algérie – , les permanences n’avaient enregistré qu’une participation de 20 %, d’après un autre membre de l’Anie.

Pierre Vermeren, professeur d’histoire contemporaine à l’université Paris I et spécialiste des mondes arabo-berbères, analyse pour Jeune Afrique les ressorts et la portée de ce vote de la diaspora.

Jeune Afrique : Historiquement, pour qui la diaspora algérienne vote-t-elle ?

Pierre Vermeren : C’est une question compliquée, les chiffres étant généralement assez incertains. Mais lors des trois premiers scrutins remportés par Abdelaziz Bouteflika [1999, 2004, 2009], on peut dire que la diaspora votait globalement « pour l’Algérie », mue par la peur que l’État vacille après la décennie noire. En effet, durant la guerre civile, beaucoup d’Algériens expatriés ne voulaient pas prendre le risque de revenir dans leurs pays d’origine pour voir leurs familles, même pendant les vacances.

la suite après cette publicité

Bien s’informer, mieux décider

Abonnez-vous pour lire la suite et accéder à tous nos articles

Image
Découvrez nos abonnements
la suite après cette publicité

La rédaction vous recommande

Algérie : dix mois de Hirak vus par les caricaturistes

[Analyse] Algérie : la présidentielle de la discorde

Contenus partenaires