Algérie : importantes manifestations contre la présidentielle, malgré le dispositif policier
Une dizaine de milliers de personnes manifestent jeudi à Alger contre l’élection en cours pour élire un successeur au président déchu Abdelaziz Bouteflika, emporté en avril par un mouvement populaire de contestation.
La police, déployée en force, est rapidement et brutalement intervenue toute la matinée pour empêcher tout rassemblement. Mais les manifestants sont parvenus à faire nombre et ont même réussi à briser un cordon de police qui leur barrait l’accès au carrefour de la Grande Poste, lieu symbolique de rassemblement du Hirak, le « mouvement » de contestation inédit qui agite l’Algérie depuis février.
15h45
— Khaled Drareni (@khaleddrareni) December 12, 2019
مناوشات بين متظاهرين و الشرطة بشارع غار جبيلات
Échauffourées entre jeunes et policiers rue Gharadjebilet pic.twitter.com/mnROAtf1BR
Des manifestants opposés à la tenue du scrutin ont même réussi à entrer dans un centre électoral du cœur d’Alger, où le vote a dû être momentanément interrompu.
Le groupe est parvenu à entrer par une porte annexe dans le collège Pasteur du centre-ville, dont les accès avaient été fermés, à l’approche d’un cortège de dizaines de milliers de personnes qui défilent contre la tenue du scrutin. Les forces de l’ordre ont alors évacué les manifestants et les assesseurs qui ont rouvert le centre, une trentaine de minutes plus tard.
Quand les manifestants forcent le cordon de sécurité pour rejoindre la grande poste à #Alger #Algerie #Algeria #politique pic.twitter.com/aNhNcsOZfK
— INTERLIGNES (@inter_lignes) December 12, 2019
D’importants rassemblements se tiennent également dans les wilayas de Béjaïa, Tizi Ouzou, Bouira, Bordj Bou Arreridj ou encore Jijel, alors que la télévision nationale montre les images de files d’attente devant certains bureaux de vote.
À Tizi Ouzou, le vote a dû être suspendu « pour des raisons de sécurité », a expliqué un membre de l’Autorité nationale indépendante pour les élections (Anie). À Bouira, le siège de l’instance électorale a été incendié, tandis qu’à Béjaïa, jusqu’à 15 heures, aucun bureau n’avait ouvert, selon la radio nationale. Dans l’un des centres de vote de la wilaya, les manifestants criaient leur rejet de l’élection, tout en jetant en l’air des bulletins.
This vote is seriously not going down well #Algeria #Hirak #3emePresidentielle2019 https://t.co/5hc9tA4JCO
— Sofian Philip Naceur (@SofianNaceur) December 12, 2019
À 15h, le taux national de participation était de 20,43 %, d’après Mohamed Charfi, le président de l’Anie. À titre de comparaison, en 2014, il était de 23,25 % à 14H00 locales, avant de s’établir en fin de journée à 50,7 %. La plupart des observateurs s’attendent à une forte abstention jeudi, le Hirak ayant appelé au boycott du scrutin.
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