Melchor Esono Edjo

Secrétaire d’État au Trésor et au Budget

Publié le 21 février 2005 Lecture : 3 minutes.

C’est lui qui lie et délie les cordons de la bourse. Le secrétaire d’État au Trésor et au Budget est un personnage clé du gouvernement. Véritable « caissier » de la République, il jouit de la confiance du président, dont il est le neveu, et détient, en exclusivité avec lui, la signature pour les engagements nationaux. Melchor Esono Edjo a étudié l’économie au Maroc. À son retour en 1992, il occupe la charge de trésorier général de l’État avant d’être nommé secrétaire d’État en février 2001.

Jeune Afrique/l’intelligent : Les bailleurs de fonds considèrent que le gouvernement ne prend pas assez en compte la santé et l’éducation dans le budget de 2005.
Melchor Esono Edjo : Nous avons établi le budget 2005 en fonction de plusieurs axes prioritaires. Le développement des infrastructures, notamment des routes, est essentiel pour désenclaver les populations rurales et permettre la circulation des marchandises. L’éducation joue également un rôle prépondérant pour construire un futur solide. Nous devons former une nouvelle élite apte à prendre en main les destinées du pays. Enfin, la santé et les infrastructures sociales sont prises en compte dans ce budget. Avant de mettre en place de grands projets, il convient toutefois de faire attention. Et de bien évaluer leur efficacité. Qui utilisera ces services ? Comment assurer leur pérennité ? Les ressources humaines sont-elles suffisantes pour les faire fonctionner ? Autant de questions qu’il faut se poser pour éviter un échec. Certes, la Guinée équatoriale dispose des revenus pétroliers, mais ce n’est pas une raison pour jeter l’argent par les fenêtres.

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J.A.I. : Les habitants de Malabo ont du mal à se procurer de l’eau potable… Quels sont vos projets en matière d’hydraulique ?
M.E.E. : C’est également un dossier très important pour le gouvernement. Nous réalisons actuellement des études pour améliorer la distribution d’eau en zone urbaine. Nous installerons de nouveaux systèmes de captation et d’adduction pour satisfaire les besoins de la population.

J.A.I. : Avec le boom des travaux publics et des activités pétrolières, les campagnes se vident et l’agriculture décline. Comment enrayer cela ?
M.E.E. : Nous sommes conscients de ce problème. Aussi avons-nous mis en place un ambitieux programme de relance de la production et de commercialisation des produits agricoles. Et le développement des axes routiers va faciliter l’acheminement des marchandises vers les grandes villes.

J.A.I. : Celles-ci attirent de plus de plus d’habitants, et la pénurie de logements s’accroît…
M.E.E. : Nous avons lancé deux grands programmes de construction de logements sociaux et environ mille habitations seront prochainement édifiées à Malabo et à Bata. Nous terminons actuellement la validation technique de ces projets. D’ici peu, nous lancerons les appels d’offres, et les constructions suivront.

J.A.I. : En juillet 2004, le Sénat américain a publié un rapport d’après lequel plusieurs membres du gouvernement disposaient de comptes à la banque Riggs pour percevoir des revenus du pétrole.
M.E.E. : Tout ce qui a été dit et écrit dans les médias est totalement faux. Nous avions effectivement des avoirs à la banque Riggs, mais il s’agissait de comptes de l’État équatoguinéen et non de particuliers. Il y a une conspiration, alimentée par l’opposition en exil, pour salir l’image de notre pays. À la suite de la fermeture de nos comptes à la banque Riggs, nous nous sommes vu refuser l’ouverture de comptes en France, en Suisse et aux États-Unis alors que l’État comptait y déposer ses excédents budgétaires. Ce n’est que très récemment qu’une banque canadienne nous a ouvert ses portes.

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J.A.I. : Est-ce cela qui vous a conduit à reprendre le dialogue avec le Fonds monétaire international ?
M.E.E. : Par le passé, les missions du FMI étaient inadaptées. Mais aujourd’hui, nous avons besoin de l’assistance du FMI pour améliorer la transparence financière. Nous allons donc mettre prochainement en place un programme d’assistance technique avec le Fonds. Cela nous permettra de mieux contrôler l’extraction pétrolière par les compagnies étrangères. En l’absence de contrôles stricts de leurs installations offshore, nous ne pouvions vérifier les chiffres fournis. Dorénavant, c’est fini. Nous allons réaliser des audits dans le secteur pétrolier tous les trois mois. Enfin, nous allons adhérer à l’Initiative de transparence dans les industries extractives.

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