Les chefs d’État du G5 Sahel en sommet extraordinaire à Niamey après la tuerie d’Inates
Les présidents du G5 Sahel vont se réunir dimanche pour un sommet extraordinaire à Niamey, pour se concerter après la tuerie d’Inates.
« Hier notre voisin le Niger enterrait 71 de ses soldats tombés sous les balles de ceux qui veulent installer le chaos. Notre solidarité ne fera pas défaut au Niger, demain avec mes frères du G5 Sahel, nous irons à Niamey et nous allons nous concerter », a déclaré Ibrahim Boubacar Keïta en ouverture d’un forum de dialogue politique à Bamako.
Cette réunion des chefs d’État du G5 Sahel – Mali, Burkina Faso, Niger, Mauritanie et Tchad – , se tiendra dimanche à Niamey « pour discuter des problèmes de sécurité » dans la région, a confirmé samedi la présidence nigérienne.
Le président tchadien Idriss Déby Itno participera à la réunion, a assuré un porte-parole de la présidence tchadienne.
Le Burkina Faso, qui assure la présidence tournante du G5 Sahel, n’a pour l’heure pas communiqué au sujet de cette réunion.
Réagir suite au drame d’Inates
Lire l’intégralité de l’Intervention de SEM @IssoufouMhm ,Président de la République du Niger, Chef de l’Etat, Chef Suprême des ArméesHommage de la Nation aux 71 soldats tués à #Inatès: https://t.co/nPT7465DFP pic.twitter.com/LNiaTKlJCy
— Présidence du Niger (@PresidenceNiger) December 13, 2019
Le président nigérien a décrété un deuil national de trois jours, de vendredi à dimanche, pour rendre hommage à ses 71 soldats tués mardi dans l’attaque du camp militaire d’Inates, dans l’ouest du pays. Cette attaque, la pire de l’histoire de ce pays, a été revendiquée par le groupe État islamique.
L’assaut contre le camp d’Inates a été mené par « plusieurs centaines » de combattants « lourdement armés » selon le ministère de la Défense nigérien, qui a évoqué des combats d’une « rare violence ».
Le Niger a rendu hommage vendredi à ses soldats tués, lors d’une cérémonie solennelle de levée des corps et avec des prières dans les mosquées. « J’ai décidé de venir pour témoigner de la reconnaissance de la patrie inconsolable mais nullement vaincue à ces hommes (…), nos héros, nos martyrs », a déclaré le président Mahamadou Issoufou sur le tarmac de la base aérienne 101 de Niamey, devant les sacs mortuaires recouverts du drapeau du Niger, en présence des familles des victimes.
« Votre mort est glorieuse », a continué le président nigérien. « Vous avez consenti le sacrifice de vos vies pour protéger le Niger de la barbarie de ceux qui tels des vampires n’aspirent qu’à s’abreuver de sang, de ceux qui détruisent non seulement des vies mais notre religion ». « Jamais l’islam n’a connu d’arme de destruction aussi massive et aussi redoutable que le terrorisme. L’islam se détruit de l’intérieur au nom de l’islam », a-t-il poursuivi.
« Renforcer nos alliances »
Alors que les opinions publiques des pays du Sahel contestent depuis plusieurs mois la présence militaire française dans la région, Mahamadou Issoufou a promis « de renforcer encore plus nos alliances et la coordination de nos forces pour lutter ensemble contre les ennemis de la liberté, contre l’ignorance et l’obscurantisme ».
Le chef de l’État a décoré de la Croix de la vaillance chacun des soldats, qui seront enterrés au « Carré des Martyrs », sur la base.
En dépit du renforcement des armées locales, de la constitution d’une force militaire internationale du G5 Sahel, et de la présence de 4 500 militaires français de la force antiterroriste Barkhane ainsi que de militaires américains, la situation sécuritaire ne cesse de se dégrader dans tout le Sahel.
Le Mali a ainsi récemment été frappé dernièrement par une série d’assauts sanglants : plus de 140 soldats ont été tués, cet automne provoquant un véritable traumatisme dans ce pays.
Le Burkina avait perdu 24 militaires en août, dans un assaut contre la base de Koutougou, également près de la frontière malienne.
Les chefs d’État du G5 Sahel avaient déjà prévu de se concerter avant de se rendre au sommet de Pau, en France, organisé à l’initiative du président français Emmanuel Macron, mais qui a depuis reporté à janvier, à la suite de l’attaque d’Inates.
L’exigence de « clarté » d’Emmanuel Macron
Le président français a déclaré vouloir « reclarifier le cadre et les conditions politiques » de l’intervention militaire française dans la région à l’occasion de ce sommet de Pau.
Il a affirmé par ailleurs vouloir davantage de « clarté » de la part de ses homologues sahéliens au sujet de la présence française, qui suscite une contestation grandissante parmi les populations du Burkina Faso, du Mali et du Niger.
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