Lachemi Siagh

Président de Strategica, société de conseil en management et en ingénierie financière,conseiller financier d’Air Algérie et de Sonelgaz.

Publié le 23 février 2005 Lecture : 3 minutes.

Titulaire – entre autres – d’un doctorat en management stratégique, d’une maîtrise en administration des affaires (MBA) et d’un diplôme en sciences administratives à l’École des hautes études commerciales (HEC) de Montréal, Lachemi Siagh s’est consacré au développement de marchés financiers en Afrique du Nord, au Moyen-Orient et au Canada. Il est également l’auteur de L’Islam et le monde des affaires (Organisation Eds D’, 2003).

Jeune Afrique/l’intelligent : Après la Société de refinancement hypothécaire (SRH) et Sonatrach, Air Algérie est entrée sur le marché obligataire en avril 2004 en lançant deux emprunts. Quels en sont les résultats ?
Lachemi Siagh : C’était une opération inespérée pour Air Algérie qui cherchait de l’argent pour renouveler sa flotte. Auparavant, la compagnie faisait appel à des financements internationaux, mais cela coûtait très cher. L’emprunt obligataire lui permet d’éviter de courir le risque de change, de ne pas payer la prime de risque, qui peut atteindre 10 % sur un emprunt de dix ans, et, enfin, d’emprunter en dinars à un taux défiant toute concurrence. Air Algérie a payé 50 % moins cher que si elle était passée par un consortium bancaire.
Le premier emprunt de 4,4 milliards de dinars [10 DA = 0,10 euro] s’adressait aux institutionnels, aux banques, aux sociétés d’assurance et aux établissements financiers. Le deuxième emprunt de 25 milliards, émis en décembre, se divisait en deux tranches : l’une pour les institutionnels, l’autre pour le grand public, c’est-à-dire entreprises, particuliers et ménages. L’objectif de lever 10 milliards dans cette deuxième tranche a été largement dépassé (14,2 milliards). Ce deuxième emprunt a permis de financer quatre Airbus avec pièces de rechange. Nous travaillons actuellement sur un troisième et dernier emprunt de 13,13 milliards de dinars pour mai prochain, qui devrait permettre de financer l’achat de 3 Boeing et de 1 Airbus avec pièces de rechange.

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J.A.I. : Qu’en est-il de Sonelgaz ?
L.S. : La compagnie n’avait pas investi depuis longtemps dans ses équipements. Aujourd’hui, elle a un plan d’investissement de plus de 600 milliards de dinars d’ici à 2009. Un premier emprunt de 20 milliards a été émis le 23 décembre dernier, avec des échéances de cinq, six et sept ans. C’est une réussite parce que Sonelgaz est un des joyaux de la République algérienne et dispose de 370 milliards de fonds propres*. Elle est en quasi-monopole, et la demande en électricité ne cesse d’augmenter. Un deuxième emprunt sera lancé d’ici au mois de mai. Il devrait être divisé en deux tranches de 10 milliards de dinars, l’une pour les institutionnels, l’autre pour le public.

J.A.I. : L’arrivée sur le marché obligataire d’Air Algérie et de Sonelgaz en appelle-t-elle d’autres ?
L.S. : Nous avons déjà été contactés par des entreprises, notamment privées, qui cherchent un moyen de financer leurs projets à moindre coût. Mais peu d’entre elles présentent un exercice équilibré, un bilan audité et des garanties suffisantes.

J.A.I. : La Bourse d’Alger peut-elle participer au financement des entreprises ?
L.S. : On ne peut pas dire qu’on ait une Bourse qui fonctionne. Mais il ne faut pas s’en scandaliser. On veut absolument avoir une Bourse à Alger alors que le marché algérien est caractérisé par une surliquidité. Une Bourse ne peut fonctionner que si les entreprises répondent à certaines conditions de transparence et font preuve de discipline avec, notamment, un bilan tous les six mois au moins. Or certaines entreprises ne sont même pas en mesure d’en établir un annuellement. De plus, une Bourse ne représente que 15 % ou 20 % des transactions dans un marché financier. L’essentiel se passe ailleurs : marché obligataire, marché corporatif, titres du Trésor, titres hypothécaires, etc. Avec le lancement des emprunts obligataires d’Air Algérie et de Sonelgaz, nous assistons à la naissance d’un véritable marché financier. Le marché obligataire représente un développement fondamental pour la réforme du système financier algérien.

* Bilan au 31 décembre 2003 sur des actifs totaux de 497 milliards.

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