EHT-Cemac, une cuisine sans frontières

Installée dans le nord Cameroun et financée par les pays de la Cemac, l’École d’hôtellerie et de tourisme offre une formation complète à ses pensionnaires. Et fait recette.

Les élèves reçoivent leur diplôme à l’EHT-Cemac à Ngaoundéré, en juin 2014. © EHT-Cemac

Les élèves reçoivent leur diplôme à l’EHT-Cemac à Ngaoundéré, en juin 2014. © EHT-Cemac

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Publié le 8 juillet 2014 Lecture : 3 minutes.

Examen blanc au bar-restaurant. Jupe noire, chemise immaculée et nœud papillon, une étudiante passe son épreuve de service en salle en présentant le menu du jour : spaghettis à la napolitaine en entrée, filet de capitaine et riz pilaf en plat de résistance, barquette d’ananas en dessert, le tout accompagné de vin blanc. Sous l’œil vigilant de l’examinateur, attentif à l’attitude générale et, bien sûr, au service.

Infrastructures innovantes

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Depuis le redémarrage de ses activités, en 2005, l’école a délivré 256 diplômes.

À la fin du repas, les convives, étudiants et quelques membres du corps enseignant, paraissent satisfaits. « Leurs plats sont commercialisables dans l’ensemble », concède le chef du département restauration de l’École d’hôtellerie et de tourisme (EHT) de la Cemac, installée à Ngaoundéré, dans le nord du Cameroun. C’est lui qui a supervisé la préparation des sept candidats au brevet de technicien en hôtellerie, dans une cuisine pédagogique ne répondant plus aux normes depuis longtemps.

Elle doit être remplacée, dans les prochains mois, par une installation neuve, équipée de vingt-quatre postes de travail. Cette cuisine s’intégrera au complexe en cours d’achèvement, qui comprend un hôtel d’application de cinq chambres – une première – et un restaurant de soixante couverts. Si les moyens suivent… Car, dépendant essentiellement des contributions des six États membres de la Communauté [Cameroun, Congo, Gabon, Centrafrique, Guinée équatoriale et Tchad], l’établissement peine parfois à boucler les fins de mois, malgré un budget de 1,5 milliard de F CFA (2,3 millions d’euros) pour 2014.

Licence

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Dans le campus niché à flanc de colline, le complexe sportif attend la fin des travaux. Depuis deux ans, l’école essuie une dette de 240 millions de F CFA. Pour rééquilibrer ses comptes, elle table sur la réforme pédagogique LMD [licence, master, doctorat]. « Nous commencerons en 2016 avec la licence, avant de proposer progressivement les deux autres formations », précise Moïse Nsole-Biteghe, le directeur des affaires académiques.

Depuis son admission dans le giron communautaire et le redémarrage de ses activités, en 2005, l’école, créée par le gouvernement camerounais il y a vingt-six ans, a délivré 256 diplômes, du brevet d’études professionnelles en hôtellerie au brevet de technicien supérieur, dans différentes spécialités : cuisine, hébergement, restaurant-bar, guide de tourisme et gestion des entreprises de restauration.

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L’institution communautaire affiche un taux de réussite de 94 % aux examens. « En deux années de présence, je maîtrise déjà le service en salle et repère facilement les sites touristiques de mon pays », se réjouit Prosper, un étudiant qui nourrit le rêve d’ouvrir un centre touristique au Tchad.

« Les enseignements sont de qualité, observe Donald, étudiant congolais en gestion des entreprises de restauration. Mais nous avons besoin de plus de travaux dirigés dans certaines matières telles que la comptabilité et les mathématiques. »

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Langues

Issus des pays de la Cemac, les 185 pensionnaires de l’EHT sont pris en charge et logés aux frais de la Communauté, en plus d’une bourse mensuelle de 85 000 F CFA. Reste que l’obstacle de la langue subsiste pour les étudiants équato-guinéens. « Plusieurs de mes compatriotes ont été renvoyés à cause de leur faible niveau en français », avoue Pablo, qui achève sa formation de guide touristique et veut créer une agence de voyages à Malabo.

Pour rétablir une égalité des chances, la direction organise, en juillet, un concours d’entrée pour les ressortissants de la Guinée équatoriale, essentiellement hispanophones. « Les élèves équato-guinéens bénéficieront ainsi d’une mise à niveau linguistique d’une année », précise Moïse Nsole-Biteghe. En attendant l’ouverture d’un laboratoire de langues, au sein duquel, outre le français, doivent être enseignés, l’allemand, l’anglais, l’espagnol, l’arabe, le portugais et le chinois.

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