Du rire aux flammes

Du citoyen lambda au chef de l’État, le caricaturiste Ramon Esono Ebale n’épargne personne.

Publié le 21 février 2005 Lecture : 2 minutes.

Il a le visage poupin, la langue bien pendue et le regard malin. À 28 ans, Ramon Esono Ebale est resté un gamin. Il passe son temps à railler les gens, en paroles bien sûr, mais également sur papier glacé. Citoyen de la rue ou président, tout le monde en prend pour son grade. Ce caricaturiste talentueux travaille à la commande pour les journaux de la place : La Gazetta, El Correo, Hola ou encore La Verdad, le mensuel de l’opposition. « Je n’ai ni scrupule ni limite pour dénoncer les travers des politiques. Mais souvent les directeurs de publication me censurent de peur d’avoir des ennuis », explique-t-il.
Son goût pour le dessin lui vient dès son plus jeune âge. Quand il a 8 ans, son père l’inscrit au centre culturel hispano-équatoguinéen de Malabo pour qu’il suive des cours d’arts plastiques. Fusain, sculpture, décoration, peinture… l’enfant reçoit une formation éclectique. La préadolescence l’éveille à la bande dessinée, particulièrement aux superhéros américains. Namor, le prince des mers, puis Superman ne quittent plus son chevet. Des personnages qu’il reproduit à longueur de journée dans ses cahiers. Sa passion pour la caricature ne viendra que plus tard, dans sa vingtième année, et ne le lâchera plus. Il ne cesse de se moquer de la paresse de ses compatriotes. Et multiplie les dessins sur le penchant des Équatoguinéens pour la bouteille.
En 1999, Ramon publie Bolibito Mustapha, l’histoire d’un immigré qui pose ses valises en Espagne. Aujourd’hui, il souhaite créer de nouvelles BD. René Goscinny, père d’Astérix, le Kinois Barly Baruti, qui a créé le personnage de Mandrill, ou encore Quino, le dessinateur de Mafalda, sont ses modèles. Il désire aussi voyager pour confronter ses oeuvres à celles d’autres artistes. Invité à participer en février au Festival de la bande dessinée d’Angoulême, en France, il y a présenté sa dernière création : une petite série illustrée sur les droits de l’enfant. Mais Ramon doit aussi faire de « l’alimentaire » pour survivre : « Je réalise des peintures murales et des publicités. Mais il m’est arrivé de faire des choses moins recommandables dans mon existence », ajoute-t-il, sans préciser lesquelles. Ramon se voit finir en enfer. Et s’en amuse. Dans ses dessins, il se met d’ailleurs en scène en tenue de diable. Cerné de flammes.

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