Comme des champignons

Les villes connaissent une expansion considérable, favorisée par la construction d’axes routiers et l’intensification des échanges.

Publié le 21 février 2005 Lecture : 3 minutes.

Du formidable bond en avant démographique que connaît la Guinée équatoriale, les principaux bénéficiaires sont, à coup sûr, les villes. Ces dernières, qui regroupaient à peine 30 % de la population totale en 1983, en concentrent près de la moitié aujourd’hui. Sur le million d’habitants que revendique le pays depuis le dernier recensement de 2001, presque 500 000 vivraient en zone urbaine. Les grandes agglomérations, Malabo et Bata, compteraient chacune plus de 130 000 habitants ! En l’espace de dix ans, la capitale s’est profondément transformée. Il a fallu abriter les nouvelles activités économiques. Aménagement de ports, d’un nouvel aéroport, de sites réservés aux compagnies pétrolières et à leurs personnels, de nouveaux bureaux et de logements… De nuit, la ville – principalement les nouvelles zones résidentielles et portuaires – brille de mille feux sur plusieurs kilomètres, depuis le centre jusqu’à la Punta Europa, où se trouve l’usine de production de méthanol. La croissance de Malabo s’est faite à la fois par densification des zones anciennement urbanisées et par extension de la ville vers le sud et l’ouest, sur la route de l’aéroport. Parmi les zones d’implantation récente figurent Pequena Espana ou Caracolas, qui se hérissent de nouvelles constructions. Le quartier Elanguema, jusqu’alors isolé, colle désormais au reste de l’agglomération. Pour maîtriser l’urbanisation, un projet dénommé « Malabo II » prévoit l’extension de la capitale le long d’une voie qui reliera l’aéroport de Malabo à Elanguema. Bordée de sièges sociaux de grandes entreprises et d’administrations, celle-ci devrait aussi comporter des logements de moyen et grand standing, notamment sur sa partie est.
Bata a connu la même explosion. La ville s’est densifiée et étendue, parfois de manière anarchique, en gardant toutefois un petit côté rural. Les transformations les plus spectaculaires concernent le centre-ville et surtout le « Paseo », la promenade en bord de mer. Longue de deux kilomètres, celle-ci vient d’être rénovée. Du coup, la spéculation immobilière va bon train. Le Paseo est bordé de nouveaux immeubles et villas, avec vue imprenable sur la mer. L’autre changement porte sur la construction d’un pont sur le fleuve Ekuku, qui va faciliter l’accès au port. Déjà un nouvel hôtel s’est ouvert, non loin de là, et les petits restaurants poussent comme des champignons.
Les petites agglomérations de l’intérieur ne sont pas en reste. Stimulées par l’activité économique en général et l’exploitation forestière en particulier, désenclavées par de larges voies goudronnées, certaines d’entre elles ont retrouvé une seconde vie. Ainsi, des bourgades somnolentes il y a quelques années sont devenues de petites ruches où s’agitent des foules empressées. Pour preuve, au coeur de l’exploitation forestière, Niefang est désormais relié à Bata par une route asphaltée qui va jusqu’à Mongomo et compte aujourd’hui quelque 7 600 âmes. Quant à Ebebiyin, troisième ville du pays à l’extrême Nord-Est, sa proximité avec le Gabon et le Cameroun en fait une plaque tournante du commerce transfrontalier. Que dire de l’impulsion supplémentaire qu’elle recevra quand la construction de la route destinée à la relier à ces deux pays voisins sera terminée ? La petite ville de Mbini, ancien port grumier tombé en disgrâce au profit de Bata, devrait également retrouver du tonus, après l’achèvement du tronçon routier qui la reliera bientôt à Bata. La municipalité vient d’acquérir un bac qui facilite la traversée du Rio Wele. Les travaux routiers favoriseront la relance de centres comme Evinayong, quatrième agglomération, située au coeur d’une région agricole.
La croissance urbaine s’est accompagnée du développement de services et de la construction d’hôtels et de restaurants. Reste que l’accès à l’eau et à l’électricité demeure le problème numéro un de la majorité des villes. Même à Malabo et à Bata, les coupures de courant sont fréquentes, et tous les quartiers ne sont pas raccordés au réseau. Quant à l’accès à l’eau, c’est un vrai casse-tête. Celui qui n’a pas la chance d’avoir foré un puits dans sa concession doit se rendre à la borne-fontaine. Un paradoxe dans ce pays équatorial largement arrosé par les pluies.

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