Nigeria : Intangis veut bloquer la cession de Mainstreet Bank

Dans un communiqué de presse, Intangis annonce son intention de porter plainte contre Amcon. La société financière estime que la structure de défaisance nigériane ne respecte pas le droit en cédant Mainstreet Bank, une banque née sur les cendres d’Afribank.

Publié le 30 juin 2014 Lecture : 3 minutes.

Mise à jour du 15/07/2014 à 23:08 CET. Intangis a porté plainte le 1er juillet contre Amcon devant la Cour Suprême de l’Etat et New York. Amcon a de son côté qualifiée publiquement de « frivole » la demande d’Intangis, considérant qu’elle n’était pas concernée par les accords passés entre Intangis et Afribank.

Intangis Holdings a annoncé le 30 juin dans un communiqué de presse son intention de porter plainte contre Amcon, « dans les heures qui viennent, au Nigeria ou aux Etats-Unis », explique Jean Missinhoun, associé senior de la société financière d’investissement américaine, interrogé par Jeune Afrique.

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Contentieux

Intangis estime en effet que la structure de défaisance mise en place dans le cadre de la crise bancaire nigériane doit respecter les règles de droit. « Ce qui nous fait réagir, ce sont d’abord les manoeuvres d’Amcon qui a décidé de céder sa participation dans Mainstreet alors qu’un contentieux est en cours devant la Cour internationale d’abitrage à Paris, explique Jean Missinhoun. De plus, dans le processus de cession engagé par Amcon, certains passifs de Mainstreet ne sont pas pris en compte, les règles IFRS notamment ne sont pas appliquées. Le contentieux avec Intangis n’est ainsi pas pris en compte. »

Intangis estime qu’Amcon aurait omis de provisionner, « comme l’imposent les règles comptables internationales (IFRS), certains passifs de Mainstreet Bank estimés par Intangis Holdings à 1,4 milliard de dollars ».

Nous avons des accords signés avec Afribank, des droits exclusifs sur cette banque avec une option de participation majoritaire
Jean Missinhoun, Intangis

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Intervention de la Banque centrale du Nigeria

L’histoire débute en 2009. Cette année-là, alors que la crise financière internationale fait ses ravages, la Banque centrale du Nigeria décide de sauver neuf banques en difficulté en leur prêtant plusieurs milliards de dollars.

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Après avoir mis à la porte la plupart de leurs dirigeants, elle leur intime de trouver des solutions de recapitalisation. En août 2011, près de deux mois avant la fin de la limite fixée pour cette recapitalisation, trois des neuf banques sont nationalisées pour ne pas avoir « montré leurs capacités à satisfaire [les objectifs fixés] à la deadline du 30 septembre », selon les termes de la Banque centrale à l’époque.

« Ces trois banques [Afribank, Spring Bank et Bank PHB] ont été recapitalisées par le fonds public Amcon. Nous avons choisi de monter à leur capital car nous étions convaincus qu’elles ne parviendraient pas à remplir dans les temps impartis les critères mis en place pour assurer la stabilité du système bancaire. Pour protéger les intérêts des épargnants et des salariés et garder la confiance des marchés, mieux valait agir vite plutôt que de laisser planer l’incertitude sur notre capacité à le faire. Même si, pour cela, les actionnaires de la banque, responsables de sa situation critique, doivent tout perdre », avait expliqué quelques mois plus tard, Lamido Sanusi, à l’époque gouverneur de la Banque centrale, à The Africa Report.

Liquidation d’Afribank et création de Mainstreet Bank

« Entre le 5 août et le 8 août, les autorités nigérianes ont liquidé Afribank, qui était l’une des 10 plus grosses banques du pays à l’époque », détaille Jean Missinhoun. « Le 8 août, ils ont créé Mainstreet Bank, filiale à 100% d’Amcon, reprenant les actifs et les passifs d’Afribank. » Selon Reuters, Amcon aurait alors décidé d’injecter 1,87 milliard de dollars dans Mainstreet. Si Intangis agit aujourd’hui publiquement, c’est parce qu’Amcon a entamé cette année la cession de Mainstreet dans le cadre d’un processus international.

Nous voulons alerter les marchés
Jean Missinhoun, Intangis

Une opération que la société d’investissement n’entend pas laisser se dérouler paisiblement. La société d’investissement affirme avoir saisi en avril 2011 la Cour internationale d’arbitrage.

« Nous avons des accords signés avec Afribank, des droits exclusifs sur cette banque avec une option de participation majoritaire », insiste Jean Missinhoun, qui refuse d’en dire davantage sur la nature exacte des relations entre Intangis et Afribank. La société d’investissement affirme toutefois être parvenue à faire bloquer à la même époque l’offre d’un consortium mené par Vine Capital pour recapitaliser Afribank.

Alerte

Intangis entend désormais rendre Mainstreet comptable des accords signés par Afribank. « En septembre 2013, une première décision du tribunal d’abritrage a estimé que Mainstreet Bank était partie au contrat entre Intangis Holdings et Afribank », rappelle Jean Missihoun, estimant que les marchés et les acquéreurs potentiels de Mainstreet n’ont pas été informés de cette décision et de ce contentieux. « Nous voulons les alerter », lance-t-il. Intangis n’a pas souhaité communiquer le montant exact qu’il entend réclamer dans le cadre de la procédure en cours devant la Cour internationale d’arbitrage de Paris et dans celle qui pourrait s’ouvrir directement contre Amcon.

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