Yéménites oubliés

Pourquoi les autorités de Sanaa montrent-elles si peu d’empressement à rapatrier leurs citoyens accusés de terrorisme par les Américains ?

Publié le 21 janvier 2008 Lecture : 2 minutes.

À Guantánamo, les uns restent et les autres partent. Comme dans toutes les prisons du monde. À ceci près que, six ans après son ouverture, le 11 janvier 2002, les portes du camp de détention américain situé à l’est de Cuba ne s’ouvrent plus que pour laisser sortir – au compte-gouttes – certains prisonniers contre lesquels aucune charge n’a pu être retenue. Capturés dans le cadre de l’opération « Liberté immuable » lancée en octobre 2001 par les troupes américaines en Afghanistan, les personnes encore internées – hors de toute procédure judiciaire, faut-il le rappeler – ont vu près de 500 de leurs codétenus venant de toutes les régions du monde (Afrique, Asie centrale, Europe, Proche- et Moyen-Orient) quitter l’île pour rejoindre leur pays d’origine.
Mais si à Guantánamo chacun des prisonniers porte la même combinaison orange, tous ne sont pas soumis au même régime. « L’ensemble des Européens ont quitté le camp, affirme l’avocat britannique Clive Smith, président de l’ONG Reprieve [Sursis en anglais]. Plus de 90 % des Saoudiens sont rentrés chez eux. Plus d’un tiers des détenus actuels de Guantánamo sont yéménites. » De fait, selon les dernières statistiques, sur les 107 Yéménites qui ont été incarcérés dans le camp américain, seuls 13 ont pu être rapatriés à Sanaa. À titre de comparaison, 117 prisonniers saoudiens ont pu regagner Riyad. Treize sont maintenus en détention.
Les autorités yéménites ne montrent en réalité que peu d’empressement à demander le retour de leurs citoyens accusés d’activités terroristes par le Pentagone. Allié des Américains dans la guerre mondiale contre le terrorisme, le Yémen, parent pauvre de la péninsule Arabique et terre ancestrale de la famille Ben Laden, fut longtemps considéré par Washington comme une base de repli d’éléments d’Al-Qaïda. Grâce à la coopération des services secrets yéménites avec le FBI et la CIA, le pays avait échappé de peu, au lendemain du 11 septembre 2001, à une intervention américaine sur son sol. Mais si le président Ali Abdallah Saleh est parvenu à gagner la confiance des Américains, il doit désormais faire face à la colère des familles des détenus, qui ne comprennent pas pourquoi leurs proches n’ont toujours pas eu le droit de rentrer en Arabie heureuse.

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