Vers la paix des braves

Publié le 21 janvier 2008 Lecture : 2 minutes.

Au départ, ils devaient être trois cents. À l’arrivée, ils ont été plus d’un millier. On comprend que les délégués à la Conférence de Goma sur la paix, la sécurité et le développement dans les provinces du Nord- et du Sud-Kivu aient mis près de deux semaines à accorder leurs violons !
La transition et le processus électoral ont été menés à leur terme, mais l’est de la RD Congo reste en proie au désordre et à la guerre. À Goma, tous les problèmes liés à la stabilisation et à la pacification de la région ont donc été abordés en détail, qu’ils soient militaires, sécuritaires, économiques, humanitaires ou sociaux. Issus de l’ensemble des communautés des deux Kivus, les participants ont trouvé des points de convergence et fixé des priorités. La première est le règlement rapide du cas des quelque 1,3 million de déplacés de guerre. La seconde, le retour de tous les Congolais réfugiés dans les pays voisins.
Les participants ont exhorté le gouvernement à mettre réellement en uvre les dispositions du communiqué publié conjointement, en novembre 2007, par le Rwanda et la RD Congo à propos du rapatriement des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Ils se sont montrés résolus à renforcer la pression sur les différents groupes armés pour les contraindre soit à intégrer l’armée nationale, soit à revenir à la vie civile.
Autre point important : l’état déplorable de l’armée nationale, l’un des maillons faibles du régime. L’accent a été mis sur le casernement des militaires, afin de renforcer leurs capacités opérationnelles, et sur la création d’unités d’élite capables d’assurer la sécurité du pays. Les États-Unis se sont engagés à leur assurer une formation. Sans chercher à dissimuler telle ou telle difficulté – qu’il s’agisse de problèmes fonciers ou de l’exclusion de certaines minorités (notamment les Tutsis, que le général félon Laurent Nkunda prétend protéger) -, les délégués ont préféré privilégier ce qui les unit. Et afficher leur volonté de se libérer de la peur et des préjugés.
Tout le monde est d’accord sur le constat : l’absence de leadership et l’effondrement de l’autorité de l’État, qu’il s’agit de restaurer d’urgence pour que chacun puisse disposer « des mêmes droits et des mêmes devoirs », qu’« aucune minorité ne soit fondée à prendre la place de la majorité » et que « le mensonge cesse d’être une arme politique », selon les termes de l’abbé Appolinaire Malu Malu, président de la Conférence.
Il est probable que, dans les prochains jours, des personnalités issues de la minorité tutsie entreront au gouvernement. Et que d’autres seront nommées à des postes diplomatiques importants. On s’attend aussi à ce que le cas Nkunda, dont l’ombre a plané sur ces assises, soit enfin réglé. Ses représentants ont solennellement demandé l’ouverture d’un dialogue avec le pouvoir. Reste à savoir si Joseph Kabila, qui a fait une apparition à la Conférence mais dont la cote de popularité est au plus bas dans l’est du pays, parviendra à tirer les dividendes de l’après-Goma.

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