Valeurs sûres et trouble-fête

Entre les traditionnels favoris et les outsiders, la 26e Coupe d’Afrique des nations s’annonce extrêmement ouverte. Quelles sélections peuvent réellement prétendre au titre ?

Publié le 21 janvier 2008 Lecture : 4 minutes.

Qui succédera aux Pharaons égyptiens, quintuples vainqueurs du trophée ? Alors que s’ouvre la 26e CAN, les jeux sont plus ouverts que jamais. Plus d’une demi-douzaine d’équipes peuvent prétendre à la consécration finale. Parmi elles, on retrouve les traditionnelles grandes puissances du foot africain que sont le Cameroun, l’Égypte, le Nigeria et, dans une moindre, la Tunisie et le Maroc. On retrouve aussi la Côte d’Ivoire, géant en devenir, à qui il ne manque qu’une ligne au palmarès pour basculer définitivement dans le camp des légendes. Et le Ghana bien sûr, dont l’étoile a commencé à renaître de ses cendres, il y a deux ans, avec une qualification pour le Mondial en Allemagne. Un cran en dessous, deux sélections sont bien armées pour jouer les trouble-fête : le Mali, deux fois demi-finaliste lors des trois précédentes éditions, bien outillé en attaque, et une Zambie en plein renouveau, qui a enregistré deux victoires probantes à l’extérieur, face à l’Afrique du Sud (en éliminatoires) et à la Tunisie (en amical). Les valeurs sûres semblent de retour, et les « qualifiés surprise » du Mondial 2006 qu’étaient le Togo et l’Angola sont rentrés dans le rang. Le premier a échoué à obtenir son billet, et le second, doté d’une équipe solide mais sans génie, ne paraît pas en mesure de bouleverser l’ordre établi.
Jamais autant de joueurs africains n’ont évolué dans les grandes équipes européennes, notamment en Angleterre, en Espagne et en Italie. Sur le papier, cette CAN est terriblement attrayante. Reste deux inconnues, susceptibles d’influer sur la qualité du spectacle : la chaleur, éprouvante pour des organismes venant de s’habituer à l’hiver européen, et les terrains rustiques qui risquent de ne pas offrir aux artistes du ballon les mêmes possibilités d’expression que les gazons du Vieux Continent.
Le Ghana et le Maroc auront l’avantage de se rencontrer lors de la troisième et dernière journée des poules et devraient pouvoir s’extirper sans trop de dommages du groupe A. Mais malheur au deuxième, qui croisera le chemin du vainqueur du groupe B, c’est-à-dire, si la logique est respectée, la Côte d’Ivoire. Finalistes de la CAN 2004 en Tunisie, les Lions de l’Atlas ont perdu leur football deux ans plus tard en Égypte. Mais, repris en main récemment par Henri Michel, ils ont montré de belles choses, contre la France (2-2) et le Sénégal (3-0). La sélection marocaine, sans véritables stars, forme un groupe homogène et dispose de bons éléments devant, comme le Bordelais Chamakh, le Nancéen Zerka et le sociétaire du FC Porto Sektioui. Son talon d’Achille est son gardien, mais le problème est récurrent. En confiance, les Marocains peuvent jouer les trouble-fête, coiffer le Ghana sur le fil et, pourquoi pas, aller loin. À moins que les Guinéens ne mettent tout le monde d’accord.

Choc de titans
Le groupe B, lui, mérite bien son surnom de « groupe de la mort » : il met aux prises la Côte d’Ivoire, le Nigeria et le Mali, deux poids lourds et une puissance émergente du foot africain. Et ce n’est pas faire injure aux Écureuils du Bénin de dire qu’ils semblent condamnés à faire de la figuration. Avec un Drogba guéri de sa blessure au genou, Eboué, Kolo et Yaya Touré, Dindane, Kader Keita, Salomon Kalou, Gervinho, les Éléphants sont les épouvantails de cette compétition. Particulièrement motivés, ils sont supérieurs au Nigeria, orphelin de son magicien Jay Jay Okocha, qui n’a pas été sélectionné. Les Super Eagles possèdent cependant un bon milieu (Obi Mikel) et un potentiel offensif impressionnant. On y verra plus clair dès le 21 janvier, date du choc entre les deux monstres. En embuscade, les Maliens de Frédéric Kanouté, l’artificier du FC Séville, et Mahamadou Diarra, le taulier du Real Madrid, ont une belle carte à jouer, même si l’expérience des grands rendez-vous risque de faire pencher la balance en faveur de leurs adversaires.
Le groupe C, très relevé également, va offrir d’entrée un choc magnifique entre les deux sélections les plus titrées du continent, le Cameroun et l’Égypte. En valeur pure, les Lions indomptables, emmenés par Samuel Eto’o et dont l’ossature a peu évolué depuis deux ans, sont un cran au-dessus. Mais les Pharaons n’auront aucun complexe, et peuvent aussi l’emporter. Le Soudan, en progression, et la Zambie, en renouveau, pourraient poser des problèmes et accrocher un des deux gros. Groupe à suivre, car susceptible de réserver des surprises.

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Demi-finale explosive ?
Le groupe D est le plus équilibré des quatre. La Tunisie, vainqueur en 2004, a vu son effectif rajeuni par un Roger Lemerre critiqué comme jamais après l’éviction de Jaziri. L’ambiance au sein de l’équipe est assez électrique, les résultats irréguliers, mais l’éclosion de Yassine Chikhaoui pourrait permettre de rebattre les cartes. S’ils sont sérieux et s’aident de leur expérience, les Aigles de Carthage arriveront à s’extirper d’un groupe à leur portée. Les Sénégalais, qui les retrouveront dès le 23 janvier pour un remake du quart de finale de la CAN 2004 disputé dans une ambiance électrique, compteront sur Niang, étincelant avec Marseille, pour se frayer un chemin dans une poule qui comporte aussi les solides Angolais et les énigmatiques Sud-Africains. Coachés par le Brésilien Carlos Alberto Parreira, les Bafana Bafana appréhendent cette épreuve comme une répétition générale en vue de la Coupe du monde 2010, qu’ils organisent. Privés de stars, ils peinent cependant à redevenir compétitifs.
Si les quarts de finale promettent de belles affiches, les demi-finales, elles, pourraient réserver un choc explosif : Cameroun/Côte d’Ivoire. Ce qui pourrait permettre aux Lions indomptables de prendre leur revanche sur la demi-finale de la précédente édition, qui s’était soldée par une qualification des Éléphants à l’issue d’une interminable séance des tirs au but. Le vainqueur de cette rencontre prendrait, à n’en pas douter, une sérieuse option sur la victoire finale. Et permettrait peut-être de trancher enfin la question de la suprématie continentale, qui tient en haleine depuis des années les aficionados du football africain

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