Le géant ArcelorMittal menace de geler ses investissements au Liberia
Le géant mondial de l’acier ArcelorMittal a menacé de renoncer à un important programme d’investissement au Liberia s’il n’obtient pas satisfaction dans un litige concernant une concession portuaire cruciale pour ses exportations.
Dans une lettre datée du 12 décembre, le groupe basé au Luxembourg dit être opposé à la concession accordant la gestion du port de Buchanan, sur l’Atlantique, à une autre entreprise, Prista Port, alors qu’ArcelorMittal affirme détenir des droits sur une partie importante de ce port.
Cette situation crée des « incertitudes » qui mettent en péril les activités et les futurs investissements d’ArcelorMittal Liberia, écrit le patron de cette dernière, Scott Lowe, dans cette lettre initialement publiée dans la presse locale.
Avec 2 300 salariés, le groupe est un des principaux employeurs du Liberia, pays affligé par la pauvreté, la dévaluation de sa monnaie et l’inflation. Il a extrait de ses mines en 2018 quelque 4,6 millions de tonnes de minerai de fer, d’une valeur d’environ 280 millions d’euros, selon le rapport annuel de la société, et prévoit de tripler sa production à 15 millions de tonnes par an.
Le contrôle du port de Buchanan en jeu
Mais l’expansion du groupe dépend de son contrôle sur des infrastructures ferroviaires – pour transporter le minerai depuis le nord du pays – et portuaires, dont il a besoin pour l’exporter vers ses usines sidérurgiques dans le monde entier ou pour le vendre sur les marchés internationaux.
Dans la lettre, adressée notamment au président libérien, George Weah, ArcelorMittal affirme qu’il ne pourra pas mettre en œuvre son plan d’investissement sans « garantie absolue » que la situation sera réglée.
L’inquiétude du groupe du magnat indo-britannique Lashkmi Mittal est née d’une convention que Prista Port, qui appartient à Prista Oil Holding, groupe basé en Bulgarie, affirme avoir signée en septembre avec les autorités libériennes. L’accord concède à Prista Port la gestion totale du port de Buchanan afin de le développer et de créer de nouveaux emplois, dit Prista Port.
Le directeur de Prista Port, Ivaylo Getsov, a affirmé mercredi que sa société était prête à entamer des actions judiciaires pour faire valoir ses droits. Les services de la présidence libérienne ont toutefois indiqué que si des négociations avaient bel et bien eu lieu avec Prista Port, celles-ci n’avaient pas encore été finalisées.
Le porte-parole de la Chambre libérienne des Représentants, Isaac Red, a expliqué pour sa part que l’accord avec Prista « est au Parlement », mais qu’ »il n’y a pas encore eu d’audition publique à son sujet ». « Rien n’a encore été signé », a-t-il ajouté.
Le Liberia, un des pays les moins développés au monde (4,4 millons d’habitants en 2018 selon le FMI), a cruellement besoin d’investissements après avoir été durement éprouvé par les guerres civiles (250 000 morts entre 1989 et 2003) et par le virus Ebola (2014-2016).
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