Mauritanie : Mohamed Ould Abdelaziz rompt le silence

Lors d’une conférence de presse organisée le 19 décembre à Nouakchott, l’ancien président mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz a voulu prouver à son successeur Mohamed Ould Ghazouani que, dans leur bataille pour l’UPR, il ne comptait pas baisser les armes.

Le président mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz à Nouakchott, le 2 juillet 2018. © Ludovic Marin/AP/SIPA

Le président mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz à Nouakchott, le 2 juillet 2018. © Ludovic Marin/AP/SIPA

Publié le 20 décembre 2019 Lecture : 2 minutes.

Ces dernières semaines, Mohamed Ould Abdelaziz a vécu emmuré dans le silence. L’ancien président mauritanien, dont les fidèles ont déserté les rangs, a rarement quitté sa nouvelle maison de Nouakchott, refusant de s’exprimer sur sa querelle avec son successeur Mohamed Ould Ghazouani. Dans la soirée du 19 décembre, il a décidé de prendre la parole – durant deux heures et en hassanya uniquement – et de convoquer une conférence de presse à ce même domicile.

Acharnement

D’entrée de jeu, Aziz s’est posé en victime, dénonçant l’acharnement dont il estime avoir été victime de la part de l’administration et des médias, dont certains auraient refusé de couvrir cette réunion. « Je me suis senti persécuté, a-t-il déclaré, entouré par deux de ses derniers soutiens, Seyedna Ali Ould Mohamed Khouna, l’ex-ministre de la Fonction publique et Boydiel Ould Houmeid, qui fut premier vice-président de l’Assemblée nationale. Les trois hôtels de la capitale se sont tous excusés, prétextant l’absence d’une autorisation écrite, que le hakem [préfet, ndlr] du Ksar a refusé de leur délivrer. »

Mon argent, je l’ai acquis, il m’appartient, je ne me suis pas enrichi avec celui du peuple

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Puis, il a souhaité prouver aux Mauritaniens que, dans la bataille pour le leadership de l’Union pour la République (UPR, le parti au pouvoir), il ne déposait pas les armes. Il a assuré que Mohamed Ould Ghazouani ne pouvait, au regard de la Constitution, en devenir le « référent » et que lui-même ne l’avait jamais été durant ses dix années au pouvoir (2009-2019). « Il n’est pas acceptable que certaines personnalités soient membres du parti, alors qu’en ma qualité de membre fondateur et porteur de la carte d’adhérent n°1, je suis désormais considéré comme étranger à cette formation », a-t-il ajouté.

Détournement de fonds

Enfin, il a tenu à répondre aux accusations de détournement de fonds formulées par l’opposition, qui réclame toujours l’ouverture d’une enquête sur ses deux mandats. « Mon argent, je l’ai acquis, il m’appartient, je ne me suis pas enrichi avec celui du peuple, a-t-il assuré, ajoutant qu’il dispose de toutes les preuves pour se défendre et que les caisses de l’État ont été authentifiées après son départ.

« En criant ainsi à l’injustice, après qu’un simple préfet lui ait mis des bâtons dans les roues, il confirme qu’il a perdu le pouvoir », dit l’un de ses détracteurs. « Contrairement à ce que l’on pouvait présager, il n’est pas allé dans la surenchère, analyse un collaborateur de Mohamed Ould Ghazouani. En tirant profit d’une confusion générale et en restant malgré tout combattif, il a étonnement réussi à susciter de la compassion chez certains. » À l’approche du Congrès de l’UPR, prévu les 28 et 29 décembre, l’ancien président n’a rien dévoilé de ses ambitions pour la suite.

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