Eco : la Cedeao invite ses membres à poursuivre leurs efforts pour respecter les critères de convergence
L’eco aura son symbole : l’EC. Mais pour la mise en œuvre de la monnaie unique de l’Afrique de l’Ouest à l’horizon 2020, la Cedeao a appelé samedi 21 décembre ses membres « à poursuivre les efforts ». Seul le Togo semble respecter les critères de convergence.
La Cedeao « exhorte les États membres à poursuivre les efforts visant le respect des critères de convergence » requis pour la mise en œuvre de la monnaie commune, a déclaré Jean-Claude Kouassi Brou, président de la Commission de la Cedeao à la clôture d’un sommet extraordinaire des chefs d’États ouest-africains à Abuja, au Nigeria.
Les critères clés de convergence sont de rester en dessous de 3 % du Produit intérieur brut de déficit, de 10 % d’inflation, avec une dette inférieure à 70 % du PIB.
Tout en se félicitant des « progrès enregistrés », la conférence a demandé au comité ministériel en charge du dossier d’« accélérer » ses efforts en vue de « la création de l’union monétaire de la Cedeao en 2020 ».
Le bon élève togolais
Les chefs d’État des 15 pays de la région ont par ailleurs adopté le symbole de l’eco – « EC » – ainsi que le nom de la future Banque centrale de la Cedeao, la « Banque centrale de l’Afrique de l’Ouest ». Aucun calendrier précis n’a toutefois été annoncé officiellement. En parallèle, à Abidjan, les présidents ivoirien et français Alassane Ouattara et Emmanuel Macron ont annoncé le remplacement du franc CFA pour les pays de l’UEMOA par un eco à parité fixe avec l’euro et garanti par la France, en attendant la mise en œuvre de l’eco par la Cedeao.
Mais Zainab Shamsuna Ahmed, ministre des Finances du Nigeria, poids lourd économique régional, s’est montrée prudente, affirmant que la mise en œuvre de l’eco en 2020 « n’est pas certaine ». « Il reste encore du travail à faire individuellement pour répondre aux critères de convergence », a-t-elle souligné, interrogée par l’AFP en marge du sommet.
Selon la ministre, le principe acté est que les pays doivent avoir rempli ces critères « trois années de suite », ce qui est uniquement le cas du Togo pour l’instant. « Beaucoup de nos pays n’ont pas été en mesure de le faire, il y aura donc une session de surveillance pour évaluer les progrès des pays, puis une autre réunion en juin (2020) pour faire le point », a-t-elle affirmé.
Les réticences du Nigeria
À l’heure actuelle, les monnaies au sein de la Cedeao se divisent en deux camps : huit pays qui utilisent le franc CFA – dont la parité fixe est arrimée à l’euro -, et sept autres avec autant de devises qui ne sont pas convertibles entre elles.
Établi en 1945, une quinzaine d’année avant l’indépendance des colonies françaises, la valeur du franc CFA est aujourd’hui indexée sur l’euro (1 euro = 655,96 francs CFA). Les États utilisant le CFA doivent par ailleurs déposer 50 % de leurs réserves en France. En contre-partie, leur convertibilité illimitée avec l’euro leur donne une crédibilité internationale.
Sur la table depuis des années, la question d’une devise unique dans la région a longtemps suscité les réticences du Nigeria, qui exigeait que l’éventuelle monnaie commune soit déconnectée du Trésor français.
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