La baguette et le passeport

Inlassable combattant de la paix, le chef d’orchestre israélien Daniel Barenboïm a accepté de prendre la nationalité palestinienne.

Publié le 21 janvier 2008 Lecture : 1 minute.

En ces temps de check points armés entre Israël et la Palestine, alors qu’un mur de béton et d’acier court sur la cicatrice qui soude dans la haine les deux communautés, une main tendue par-dessus la frontière apparaît comme un véritable miracle. Cette main, tenant un passeport, est celle de Mustafa Barghouti, hier ministre de l’Information dans ce qui s’appelait, jusqu’en juin 2007, le gouvernement palestinien d’unité nationale, et organisateur du concert du 13 janvier, à Ramallah. Sur le passeport, un nom : Daniel Barenboïm. Alors que s’éteignaient les acclamations saluant l’issue de son récital de piano, le virtuose et chef d’orchestre israélien a annoncé qu’il était « honoré » de recevoir la nationalité palestinienne, espérant qu’elle lui permettrait de « servir de modèle pour l’instauration d’une paix entre les peuples ».
Né à Buenos Aires il y a 65 ans, émigré en Israël quand il était enfant et « citoyen du monde » au fil de ses nominations à la tête des plus grands orchestres de la planète, ce musicien génial n’en est pas à sa première incartade dans son pays d’adoption. En 1999, avec feu l’intellectuel palestinien Edward Said, il avait créé les résidences du West Eastern Divan, destinées à rapprocher – jusqu’à ne former qu’un seul orchestre – des musiciens d’Israël et du Moyen-Orient. En 2001, il avait dû présenter des excuses à la Knesset pour avoir joué du Wagner, bravant ainsi l’interdit concernant ce compositeur à qui beaucoup reprochent d’avoir inspiré les nazis. Enfin, en 2005, il avait éconduit, pour cause d’uniforme, une intervieweuse de la radio de l’armée israélienne.
Saisissant l’occasion de se débarrasser d’un concitoyen, certes talentueux, mais politiquement incorrect, les ultraorthodoxes du parti Shass ont demandé au ministre de l’Intérieur de sévir contre Barenboïm pour « collaboration avec un État ennemi ». Une dénomination heureusement jugée « inappropriée » par Tel-Aviv concernant l’Autorité palestinienne

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