Arnold Ekpe : « Notre règle est d’être indépendant »

Le Directeur général d’Ecobank s’explique sur sa stratégie et sur les deux premières années de son second mandat.

Publié le 21 janvier 2008 Lecture : 3 minutes.

Jeune Afrique : Vous avez dirigé Ecobank une première fois de 1996 à 2001 et vous êtes revenu en 2005. Ecobank aujourd’hui est-elle différente d’il y a dix ans ?
Arnold Ekpe : Ecobank est devenue une banque plus importante sur le plan financier, même si elle n’a pas étendu sa présence géographique. L’environnement concurrentiel a changé. Il y a dix ans, il n’y avait que des banques régionales. Aujourd’hui, il y a en plus des banques internationales, des marocaines, des nigérianes. Avec l’évolution des technologies, le fonctionnement du groupe s’est transformé. Il y a aussi de nouveaux collaborateurs, davantage de jeunes professionnels, ce qui transforme la vision d’avenir de la banque.

Concernant votre stratégie, quels changements ?
Dans la première période, nous voulions être une grande banque ouest-africaine et nous implanter dans tous les pays de la Cedeao [Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, NDLR]. C’est pratiquement fait. Aujourd’hui, l’ambition est de nous déployer vers l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Est.

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Quels pays sont prioritaires ?
Nous nous installons là où le marché bancaire est suffisamment important, ou est en train de le devenir, pour que notre activité y soit significative. Nous voulons toujours être parmi les trois premières banques dans chaque pays.

Entre 2001 et 2005, vous avez été directeur général d’UBA, numéro un au Nigeria. Cette expérience influe-t-elle sur votre stratégie pour Ecobank ?
Les deux années que j’ai passées à UBA correspondent à la vague d’assainissement du secteur bancaire nigérian. Nous avons mené les restructurations nécessaires, reconstruit le groupe. Grâce à quoi je sais ce dont les banques nigérianes sont capables, leurs ambitions et leur réactivité. Leur force de frappe est immense.

En 2006, vous avez initié des négociations avec First Bank of Nigeria. Pourquoi n’ont-elles jamais abouti ?
Nous avons dû renforcer Ecobank Nigeria pour respecter les exigences des autorités bancaires. Compte tenu de nos moyens, Ecobank est devenue une petite banque dans le pays. Nous rapprocher de First Bank nous permettait d’être parmi les trois premières, comme ailleurs. Mais nous n’avions pas la même vision de gérer les implantations hors du Nigeria. Depuis, nous avons consolidé notre filiale nigériane, ce qui lui permet d’être dans le Top 10 du pays. Il faut continuer et nous sommes ouverts à d’autres discussions.

Après l’introduction à Abidjan, Accra et Lagos en 2006, vous vous retrouvez avec Renaissance Capital, un groupe non-africain, pour actionnaire principal. N’est-ce pas incompatible avec la vision de banque panafricaine ?
Nous étions parfaitement conscients que le risque existait. Bien sûr, le nouvel actionnariat n’est plus en ligne avec la volonté des fondateurs, mais ils comprennent que la situation a changé en vingt ans. Ecobank elle-même n’est plus conforme à la vision d’origine, qui était de créer une banque ouest-africaine.

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Vous êtes parvenus à un accord sur le montant maximum de leur participation. De combien est-il ? Leur permet-il d’intervenir dans la gestion de la banque ?
Nous sommes convenus de tenir secret ce niveau de participation. Renaissance est une banque d’investissement et Ecobank est un investissement. Ils ne veulent pas le contrôle, ni de siège au conseil d’administration. Ce sont des partenaires. Nous aurons certainement d’autres occasions de coopérer avec eux.

Ecobank est-elle condamnée, à terme, à s’associer avec plus grand qu’elle, à l’instar de Bank of Africa, qui s’est alliée à BMCE Bank ?
Nous avons l’expérience de travailler dans vingt pays, dans des pays difficiles et, souvent, dans des petits pays. Nous employons 25 nationalités. Qui veut être notre partenaire doit aussi nous dire la valeur ajoutée qu’il apporte, pas seulement le capital. Notre règle de base est d’être indépendant, avec des actionnaires multiples.

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