Vendre ou acheter ?

Si certains profitent de la progression des cours pour écouler une partie de leur stock, d’autres, au contraire, choisissent d’en acquérir encore plus.

Publié le 20 décembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Avant son départ du ministère de l’Économie et des Finances à la fin de novembre, Nicolas Sarkozy a contraint la Banque de France à vendre 600 tonnes d’or. À près de 450 dollars l’once, l’affaire paraît lucrative, et les autorités de l’Hexagone espèrent en retirer 6,4 milliards d’euros. En Allemagne, la Bundesbank a prévu de mettre sur le marché la même quantité du métal précieux entre 2004 et 2009. Quant à la Banque centrale italienne, elle voudrait bien préserver ses lingots des convoitises de son gouvernement. On l’aura compris : les ministres de l’Économie des pays européens cherchent de l’argent frais pour combler une partie de leur déficit public. Cette stratégie est-elle pour autant judicieuse ?
Depuis deux ans, le cours de l’or a considérablement augmenté, passant de 280 à plus de 450 dollars l’once. L’abondance du dollar sur le marché des capitaux – due au déficit budgétaire américain – a entraîné une dépréciation du billet vert depuis décembre 2002. L’or redevient en conséquence une valeur refuge. Profitant de la conjoncture, les fonds de placements ont accru leur spéculation. Les dernières données publiées par l’américain Commodity Futures Trading Commission (CFTC) font état d’une hausse des contrats sur le métal jaune. « Personne ne pensait que le pétrole atteindrait 50 dollars le baril. Alors pourquoi l’or ne pourrait-il pas franchir la barre des 500 dollars l’once ? » s’interroge Frank E. Holmes, responsable opérationnel de l’US Global Investors Inc., un fonds de placement collectif qui parie sur une hausse du produit.
La fièvre de l’or est si forte que le commerce du produit se fait même en dehors des centres traditionnels d’échange que sont les places boursières de Londres et de New York. En octobre, le Chicago Board of Trade a lancé un nouveau contrat de vente sur le métal précieux. La place boursière de Dubaï prévoit également d’ouvrir un espace d’échange en 2005. À court et à moyen terme, le cours de l’or pourrait continuer à progresser. La Gold Fields Mineral Services (GFMS), une entreprise londonienne de recherche et d’études sur les métaux précieux, prévoit une production aurifère mondiale de 2 650 tonnes en 2005. Entre l’an prochain et 2010, elle devrait décliner en moyenne de 30 tonnes par an, pour descendre à 2 494 tonnes. Or la demande, dopée par la croissance asiatique, ne cesse de progresser. De l’industrie joaillière en Inde à la fabrication d’ordinateurs et de DVD en Chine, les besoins ne sont pas près de décroître.
Les Banques centrales européennes ont-elles toujours intérêt à céder leur or ? « C’est une erreur. Il est plutôt temps d’acheter des lingots. La Chine, l’Inde et la Russie commencent à s’en rendre compte et cumulent désormais de l’or en douceur », indiquait récemment la revue mensuelle Ecomine, du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) en France.

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