Vaste enquête sur les 10-35 ans
Publié le 21 décembre 2004 Lecture : 1 minute.
Trois ans de travail, 260 enquêteurs, 8 325 personnes interrogées et 1,8 million de données recueillies : par son ampleur, l’étude menée par le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) est une grande première en Algérie. Il était d’ailleurs temps qu’elle voie le jour ! La jeunesse, qui représente entre les deux tiers et les trois quarts de la population algérienne, semble depuis longtemps abandonnée par le pouvoir. Livrée à elle-même, sans perspectives professionnelles, sous-éduquée et confrontée à un malaise social évident (« mal-vie », tabous, logement, sexualité, etc.), elle n’a guère d’autre choix que de lorgner avec convoitise vers l’autre rive de la Méditerranée. Ce dont elle ne se prive pas. Abreuvée d’images venues d’un Occident prospère et accueillant, du moins le croit-elle, elle ne rêve que d’exil. Irrésistiblement attirés par Paris, Londres, Madrid, Bruxelles ou Montréal, les Algériens de moins de 35 ans n’imaginent plus leur avenir à Alger, Oran, Constantine ou Annaba. L’horizon au pays leur paraît totalement bouché, et il suffit qu’un lointain cousin ait réussi son « intégration » en Europe pour que toute la famille ne rêve plus que de l’imiter.
Qu’il ait fallu coucher noir sur blanc les problèmes auxquels les jeunes sont confrontés, et que trois longues années aient été nécessaires pour recenser leurs aspirations et identifier leurs « appels de détresse » en dit long sur l’ampleur du chantier. Au moins ce premier pas a-t-il été esquissé… En fait, le principal défi auquel l’Algérie est aujourd’hui confrontée est de réussir à réconcilier trois générations : celle de la guerre de libération, qui dirige le pays depuis 1962 ; la suivante, qui est en passe de succéder aux commandes ; enfin, la « génération 1980 », tous les jeunes gens âgés d’une vingtaine d’années qui, en dépit de tout, préféreraient certainement que leurs aînés les associent à un projet commun de société. Algérie de rêve ou rêve d’Algérie ?
