Côte d’Ivoire : Guillaume Soro préparait une « insurrection », selon la justice
La justice ivoirienne a précisé jeudi ses accusations contre Guillaume Soro : l’ex-chef de la rébellion et candidat à la présidentielle de 2020 préparait selon elle « une insurrection civile et militaire » pour s’emparer « incessamment » du pouvoir. Des accusations balayées par sa défense.
L’opposant Guillaume Soro préparait « un complot » en deux parties : d’abord une opération de communication à l’étranger pour « jeter le discrédit sur le régime » ivoirien, puis « une insurrection civile et militaire », a affirmé le procureur de la République d’Abidjan Richard Adou lors d’une conférence de presse retransmise en direct à la télévision publique. L’ancien président de l’Assemblée nationale (2012-2019), qui devait faire son retour à Abidjan le 23 novembre, avait dû dérouter son avion en raison d’un mandat d’arrêt émis contre lui.
Cinq députés pro-Soro arrêtés
Ces accusations s’appuient en particulier sur un enregistrement sonore effectué par les services de renseignement ivoiriens, selon le procureur, qui a été diffusé pendant la conférence de presse. On y entend deux hommes dialoguer, dont Guillaume Soro. Il n’a pas précisé où, ni quand, ni comment il a été réalisé, se retranchant derrière le secret de l’enquête.
Selon Richard Adou, des armes ont aussi été découvertes lors de perquisitions, dont il n’a pas précisé les dates et les lieux. « Nous avons dépassé une quinzaine d’arrestations » de complices, a indiqué le procureur, qui les accuse, comme Guillaume Soro désormais visé par un mandat d’arrêt international, de « complot contre l’autorité de l’État », un crime passible de la prison à vie.
Parmi eux, cinq députés pro-Soro ont été arrêtés malgré leur immunité de parlementaires, en vertu d’une procédure de « flagrance », selon le procureur. Les enquêtes ne font que commencer, a-t-il précisé, évoquant la possible mise en cause de « militaires » dans le « complot ».
L’opposant est aussi accusé de « détournement de fonds publics » et de « blanchiment » pour avoir tenté de s’approprier une résidence dans un quartier chic d’Abidjan, achetée pour 1,5 milliard de francs CFA (2,3 millions d’euros) sur les fonds de l’État lorsqu’il était Premier ministre en 2007. Des faits découverts tout récemment, selon le procureur.
Une « opération d’espionnage mal montée »
La défense de Guillaume Soro a rejeté en bloc toutes ces accusations « fallacieuses », fustigeant une « opération d’espionnage mal montée par Abidjan », selon une déclaration de l’avocate Affoussiata Bamba-Lamine diffusée sur sa page Facebook jeudi. Si elle ne conteste pas l’authenticité de l’enregistrement audio, elle affirme toutefois qu’il « date de 2017 » et qu’il est « incomplet ».
Dans une précédente déclaration mercredi soir, elle dénonçait une « machination » politique : « toute cette entreprise vise à écarter Guillaume Soro de la course à la présidence de la République en 2020 ».
Mardi, Guillaume Soro, 47 ans, avait déjà dénoncé sur Twitter « la décision (du pouvoir ivoirien), « dès septembre 2019″, de l’« écarter de la course » à la présidentielle, en raison d’un sondage qui établissait son « avance » dans les intentions de vote.
Chers Tous, Il n’y a qu’en DICTATURE que l’on émet un mandat d’arrêt contre un candidat aux élections. Cet acte est un parjure qui souille la fin de la présidence Ouattara. C’est la pure illustration du lawfare. Le temps nous dira. #GKS. @EmmanuelMacron @francediplo @mdiplo pic.twitter.com/I36TS1fdZd
— Guillaume K. Soro (@SOROKGUILLAUME) December 25, 2019
Dans ce qui ressemble fort à un message politique, le président Ouattara a reçu lundi soir au palais présidentiel les anciens « com’zones », les ex-lieutenants de Guillaume Soro dans la rébellion des années 2000, selon plusieurs quotidiens ivoiriens qui ont publié la photo de la rencontre.
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