Trois questions à… Driss El-Yazami

Publié le 20 décembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Membre de l’IER, le secrétaire général de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) explique son soutien à l’initiative royale.

Jeune Afrique/l’intelligent : Pourquoi « Instance équité et réconciliation » ? Pourquoi pas « justice et vérité » ?
Driss El-Yazami : C’est une polémique quelque peu formelle. D’abord, l’équité est une forme de justice. Ensuite, le roi a été très clair en soulignant que l’IER était une « commission pour la vérité ». Quant au terme « réconciliation », il est souvent mal interprété. La réconciliation ne se décrète pas, c’est un processus et il n’a rien à voir avec le consensus. Au contraire, elle implique la gestion pacifique des conflits, grâce notamment au pluralisme politique. Elle suppose de s’entendre concrètement sur les modalités de cette gestion : l’alternance pacifique au pouvoir, le rôle de l’opposition, le fonctionnement d’une justice indépendante et impartiale…

la suite après cette publicité

J.A.I. : Peut-il y avoir réconciliation quand des criminels restent impunis ?
D.E.Y. : Les graves violations des droits de l’homme commises entre 1956 et 1999 ne sont pas uniquement le fait d’une centaine d’individus. Des raisons historiques, politiques, sociales, institutionnelles et juridiques expliquent ces abus. Nous avons estimé que la responsabilité institutionnelle primait la responsabilité individuelle. L’essentiel est d’identifier les causes profondes de ces violations afin d’éviter la répétition d’une telle tragédie. Et ce n’est pas en jugeant une poignée d’individus qu’on y parviendra. D’autre part, à supposer même que l’IER soit habilitée à désigner les présumés tortionnaires, il faudrait établir leur responsabilité sur la base de preuves irréfutables. Or ce travail est du ressort de la justice, et il exige des moyens énormes. L’IER ne peut pas se transformer en parquet. Enfin, nous avons toujours insisté sur le droit imprescriptible et individuel de chaque victime de recourir à la justice pour demander le jugement des présumés bourreaux.

J.A.I. : Plusieurs associations reprochent à l’IER de limiter ses enquêtes aux disparitions forcées et aux arrestations arbitraires…
D.E.Y. : Il est évident que le travail de l’IER inclut les autres violations graves des droits de l’homme : torture, exil forcé, procès iniques… Lorsqu’on recueille le témoignage d’une victime, on écoute et on analyse l’ensemble des abus commis.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires