[Tribune] Recep Tayyip Erdogan place la Tunisie face au risque du chaos libyen

La volonté du président turc d’impliquer la Tunisie dans le chaos libyen a suscité l’hostilité et l’indignation de l’opinion publique. Le pays n’a aucun intérêt à déroger à la neutralité qui caractérise sa diplomatie et n’a pas les moyens de gérer un conflit de plus, a fortiori quand il est exogène.

Le président turc a proposé sa coopération au nouveau président tunisien, Kaïs Saïed, « pour aider au règlement de la crise libyenne », le 25 décembre. © Slim Abid/AP/SIPA

Le président turc a proposé sa coopération au nouveau président tunisien, Kaïs Saïed, « pour aider au règlement de la crise libyenne », le 25 décembre. © Slim Abid/AP/SIPA

  • Frida Dahmani

    Frida Dahmani est correspondante en Tunisie de Jeune Afrique.

Publié le 30 décembre 2019 Lecture : 4 minutes.

« Si Tripoli tombe, Tunis et Alger tomberont ». Tenus à Tunis le 27 décembre, ces propos de Fathi Bachagha, ministre de l’Intérieur du gouvernement libyen d’entente nationale de Fayez el-Sarraj, formé sous l’égide de l’ONU, attisent le feu allumé par le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui s’était invité de manière inopinée à Carthage deux jours auparavant.

La manière dont il s’est comporté, comme en terrain conquis, ses entorses au protocole, et, surtout, sa volonté affichée d’impliquer la Tunisie dans le conflit libyen ont suscité l’hostilité et l’indignation de l’opinion publique.

Erdogan à Tunis a fait du Erdogan. Rien de bien inattendu, mais l’absence de réaction de la part des autorités tunisiennes et du président Kaïs Saïed, n’ayant pas mis le holà à son homologue et levé immédiatement toutes les ambiguïtés, a d’abord indigné nombre de Tunisiens.

Pris de court par cette rencontre, non annoncée et dont les journalistes tunisiens avaient été écartés, il a été d’autant plus difficile de leur faire admettre que le président turc, accompagné de ses ministres de la Défense, des Affaires étrangères et de son directeur des renseignements, ait discuté d’accords commerciaux, comme sous entendu par Kaïs Saïed. Surtout quand Erdogan martèle que « toute évolution négative en Libye aura des répercussions graves sur la région et essentiellement la Tunisie » et que le chef du gouvernement libyen d’union nationale, Fayez Sarraj, s’est aussi joint aux discussions.

Impliquer la Tunisie dans le conflit

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