L’emploi d’abord

En tête des préoccupations de l’État dans le projet de budget 2005 : la résorption du chômage des jeunes diplômés.

Publié le 20 décembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Le projet de budget, qui devrait être voté avant le 31 décembre par l’Assemblée nationale, constitue un exercice rituel. Fait suffisamment rare en Afrique et dans le monde arabe pour être signalé, ce texte est un document complet sur la politique du gouvernement, le bilan de l’année écoulée, les objectifs de l’année à venir ainsi que les projets d’investissements et leur financement. Minutieusement préparé au cours du second semestre par l’ensemble des départements ministériels sous la houlette du ministère du Développement et de la Coopération internationale, il est soumis pour avis au Conseil économique et social (auquel participent les représentants des forces actives du pays) et, in fine, à l’approbation des parlementaires. Innovation récente, le document (249 pages) est désormais diffusé en CD-Rom en version arabe (décembre) puis en version française (à partir de janvier). Précision utile : il est accessible au public*.
Que retenir du projet 2005 ? La reprise de la progression du PIB, avec un taux de 5,8 % estimé pour 2004 et un objectif prudent de 5 % pour 2005, soit quatre à cinq fois le taux de croissance démographique (1,1 %). C’est assez pour améliorer le niveau de vie moyen des Tunisiens, mais pas pour créer suffisamment d’emplois dans les secteurs non agricoles (industries et services). Or le pays ne pourra supporter éternellement la « fabrication » de 10 000 à 15 000 chômeurs de plus par an, qui plus est des jeunes diplômés.
Jusqu’à présent, l’économie a pu gérer un « stock » quasi incompressible de demandeurs d’emploi, estimé à 14 % de la population active en 2004, contre 15 % en 2001. Si le « stock » a pu être toléré, c’est parce qu’il comprend une grande part de chômeurs de longue durée qui sont en fait des actifs non déclarés travaillant dans le secteur informel.
Le problème qui se pose maintenant avec le plus d’acuité – tant politiquement que socialement – est celui des « primo demandeurs » de travail, c’est-à-dire les jeunes titulaires de diplômes professionnels et supérieurs. Il en arrive 35 000 chaque année sur le marché du travail. Près des deux tiers restaient jusqu’à présent sur le carreau. Cette tendance, le gouvernement veut l’inverser à partir de 2005 : sur les 76 400 postes de travail à créer, 26 000 au moins seront réservés aux diplômés. Une batterie de mesures salariales (50 % à la charge de l’État au cours de la première année) et fiscales devrait permettre aux patrons trop timorés de se remettre à embaucher. À cela s’ajoutent la création d’une institution spécialisée dans le microcrédit et un programme volontariste de création de PME et de projets individuels (70 000 en cinq ans), et un soutien plus actif aux compétences qui veulent s’expatrier (ils sont déjà plus de huit mille dans le monde).

* On peut se le procurer au ministère du Développement et de la Coopération internationale, place Ali-Zouaoui, 1069 Tunis, Tunisie. Tél. : (+216) 71 240 133 ou 71 350 753. E-mail : boc@mdci.gov.tn

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