Nouveau gouvernement en Tunisie : les raisons ďun accouchement difficile

Le chef de l’exécutif Habib Jemli a annoncé la composition de son gouvernement après plusieurs semaines de négociations agitées. Un cafouillage perçu comme une mascarade par les Tunisiens, impactant directement la crédibilité de l’État.

Le chef de l’Etat Kaïs Saïed livre la liste des membres du gouvernement proposés au président de l’Assemblée Rached Ghannouchi, le 2 janvier. © Présidence Tunisie

Le chef de l’Etat Kaïs Saïed livre la liste des membres du gouvernement proposés au président de l’Assemblée Rached Ghannouchi, le 2 janvier. © Présidence Tunisie

Publié le 3 janvier 2020 Lecture : 4 minutes.

Habib Jemli a présenté, le 2 janvier, la composition de son gouvernement mais rien n’était gagné jusqu’à la dernière minute. La veille, la journée a pris des allures d’une farce qui n’a fait rire personne. La torpeur de ce lendemain de fête a été interrompue par un communiqué annonçant la présentation imminente du gouvernement concocté par Habib Jemli. L’annonce, attendue depuis six semaines et déjà reportée par quatre fois, a focalisé toute l’attention et mobilisé les médias qui ont battu le rappel de leurs troupes. Le miracle du nouvel an allait-il avoir lieu ? Le gouvernement qui semblait destiné à être une arlésienne à inscrire au Guinness des records, allait-il enfin voir le jour ?

Le branle-bas a été finalement inutile et cette cinquième tentative était similaire aux précédentes et se soldait par « beaucoup de bruit pour rien ». Habib Jemli, pressenti pour devenir chef du gouvernement qu’il est chargé de former, a bien pris la parole, posé le contexte et les motivations de ses choix. Il semblait bien parti pour achever son discours par l’énoncé de l’attribution des portefeuilles mais a conclu de manière abrupte devant un parterre médusé : « La liste vous sera communiquée demain ».

Des quolibets incisifs, à hauteur de la déception, ont fusé immédiatement sur les réseaux sociaux qui ont qualifié l’exécutif de Jemli de « Gouvernement, reviens demain » en référence à la procrastination qui prévaut souvent dans l’administration tunisienne.

Crédibilité de l’État mise à mal

Un faux pas qui a été perçu comme une mascarade qui impactait directement la crédibilité de l’État et mettait à nu les désaccords entre les deux têtes de l’exécutif mais aussi avec Ennahdha, parti majoritaire à l’Assemblée. Un triangle infernal qui se boude, se rabiboche pour mieux se contrer et qui installe un vide au niveau des institutions. « Ennahdha s’est dévoilée, elle cherche un arbre derrière lequel s’abriter pour ne pas exercer ses responsabilités », analyse le député de Tahya Tounes, Mustapha Ben Ahmed, qui estime que Jemli a été confronté à des oppositions. Sans doute, mais au final, la plupart des 42 portefeuilles sont attribués à des proches d’Ennahdha.

Bien s’informer, mieux décider

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