Le monde ne peut se permettre un déficit d’éducation

Irina Bokova est directrice générale de UNESCO et Julia Gillard est présidente du Conseil d’administration du Partenariat mondial sur l’éducation.

Julia Gillard (g) et Irina Bokova (d). DR

Julia Gillard (g) et Irina Bokova (d). DR

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Publié le 26 juin 2014 Lecture : 3 minutes.

En 2000, la communauté internationale s’est faite une promesse : assurer l’éducation primaire universelle d’ici 2015, en adoptant les Objectifs du millénaire pour le développement. Les pays donateurs affirmaient alors « qu’aucun pays qui s’engage sérieusement en faveur de l’éducation de base ne verra ses efforts contrariés par le manque de ressources ».

Nouvelle énergie

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À la veille de la date charnière de 2015, nous devons nous rappeler cette promesse et lui insuffler une nouvelle énergie. Selon le Rapport mondial de suivi de l’UNESCO, l’aide accordée à l’éducation a reculé de 10% depuis 2010 – dans la même période, l’aide au développement a décliné de 1% seulement.

58 millions d’enfants restent exclus de l’éducation, un chiffre qui stagne depuis 2007

Cette baisse vient aggraver le déficit de 26 milliards de dollars qui manquent chaque année au financement de l’éducation de base pour tous. En dépit des progrès significatifs depuis 2000 – comme la hausse du nombre de filles entrées à l’école et sachant lire et écrire, cette tendance au déclin du financement de l’éducation est alarmante et fragilise ces avancées.

58 millions d’enfants restent exclus de l’éducation, un chiffre qui stagne depuis 2007. Il faut reprendre la marche du progrès scolaire. Nous avons besoin d’un nouvel engagement pour tenir les promesses de l’an 2000.

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Tel est l’objectif de la Conférence pour la reconstitution de ressources financières du Partenariat mondial sur l’éducation, du 25 au 26 juin à Bruxelles, sous l’égide de l’Union européenne. Notre objectif : mobiliser 3,5 milliards de dollars pour couvrir les frais de scolarité d’enfants dans 66 pays à bas-revenus.

Pays en développement 

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Nous demandons aussi aux pays en développement d’accroître leurs dépenses publiques pour l’éducation à hauteur de 20 % de leur budget. Bon nombre ont déjà augmenté leurs budgets de plusieurs milliards de dollars, conscients de l’importance de l’éducation pour le développement, en particulier pour réduire la pauvreté.

Les pays en développement ne peuvent pas affronter seuls les énormes défis de l’accès à une éducation de qualité pour tous. Sur les 58 millions d’enfants non scolarisés aujourd’hui, 15 millions de filles et 10 millions de garçons ne mettront vraisemblablement jamais les pieds dans une salle de classe, à moins d’un changement de cap radical. Environ 34 millions d’enfants entrés l’école en 2012 risquent de la quitter avant la fin du primaire – à cause de la pauvreté, de la médiocre qualité de l’enseignement, et du manque d’enseignants formés.

Le tableau est peut-être sombre, mais nous pouvons changer cette situation, en agissant maintenant.

En Afrique sub-saharienne, plus d’un enfant sur trois quitte l’école avant la fin du primaire. Le tableau est peut-être sombre, mais nous sommes convaincus que nous pouvons changer cette situation, en agissant maintenant. L’Asie du Sud et de l’Est a montré que c’est possible.

Chemin à suvire

Cette région a réduit le nombre d’enfants non-scolarisés de 34 à 10 millions en un peu plus d’une décennie, améliorant radicalement les perspectives d’avenir pour toute une génération. Ce résultat est le fruit d’actions positives – abolition des frais de scolarité, programmes scolaires mieux adaptés, soutien aux familles marginalisées.

Ces progrès ont été accomplis parce que les gouvernements et les donateurs ont travaillé ensemble, main dans la main. Ces succès démontrent que le leadership et la volonté politique, appuyés par un financement fiable, est source de changement positif – voici le message de la conférence du Partenariat mondial à Bruxelles.

L’éducation est un droit humain universel, qui permet d’inscrire le développement dans la durée, par la formation de citoyens engagés, l’autonomie des filles et des femmes, une meilleure santé, moins de mortalité maternelle et infantile, la réduction des mariages précoces.

L’éducation est le fondement le plus solide sur lequel bâtir des sociétés plus inclusives, justes et durables. Nous devons tirer profit du pouvoir transformateur de l’éducation et ceci requiert le soutien de tous les donateurs. Le monde ne peut tout simplement pas se payer le prix de l’échec dans la réalisation des objectifs de l’éducation pour tous. La Conférence de Bruxelles est un rappel à l’ordre et nous devons être à la hauteur.

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