Microfinance : uvre sociale ou vrai business ?

Publié le 20 novembre 2006 Lecture : 1 minute.

Longtemps méprisée par les banques commerciales, délaissée par les grandes institutions internationales, ignorée par bon nombre d’économistes qui dénonçaient une lubie d’ONG, la microfinance aura finalement triomphé. « L’Année du microcrédit », en 2005, a été un premier pas. La consécration est arrivée le 13 octobre dernier, avec l’attribution du prix Nobel de la paix à Muhammad Yunus, le fondateur, en 1983, de la Grameen Bank, au Bangladesh. Depuis son couronnement, le père de cette méthode de développement fondée sur l’accès au crédit pour les plus pauvres est invité partout. À Halifax, au Canada, le « banquier des pauvres » a lancé, le 12 novembre, le 10e Sommet mondial du microcrédit. « Faisons de cette rencontre une occasion historique pour créer un monde sans pauvreté, a-t-il plaidé. J’espère que ceux qui doutaient de nous seront désormais à nos côtés. » Et de rappeler que « la microfinance doit demeurer une uvre sociale et non viser à maximiser les profits ».

Doit-elle pour autant renoncer à s’imposer comme une technique financière rentable et donc pérenne ? Selon une étude de Microfinance Information Exchange (MIX), seules 209 institutions de microfinance (IMF) sont bénéficiaires sur les 1 275 recensées à travers le monde. Le faible montant des prêts est un handicap pour dégager de la marge, et ce, malgré un taux de remboursement supérieur à 95 %, en Afrique par exemple. Autrement dit, sans les aides accordées par les bailleurs institutionnels, jamais 100 millions de clients n’auraient pu bénéficier des 13,6 milliards de dollars distribués. À l’horizon 2015, l’objectif est de porter à 175 millions le nombre de « clients ». Mais pour ce faire, les IMF doivent améliorer leur efficacité, réduire leurs coûts et étendre la gamme des produits proposés (épargne, assurance, virements). Un défi que les banques commerciales disent à présent vouloir partager en proposant des « partenariats et des synergies ». Si l’effet de levier en matière de financement ne fait aucun doute, la « microfinance bancarisée » doit nécessairement rester un outil de lutte contre la pauvreté. Telle est, en tout cas, la volonté du prix Nobel de la paix 2006.

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