Maudits, les Tunisiens !

Cinquième échec en huit ans en finale de la Ligue africaine des clubs champions.

Publié le 20 novembre 2006 Lecture : 2 minutes.

Mohamed Aboutrika vient de marquer pendant les arrêts de jeu. Un silence de mort s’abat sur le stade de Radès. Dans la tribune de presse, un radio reporter égyptien exulte : « Allah ! Allah ! Al nasr li Masr ! Choukren Ya Rab ! » (« La victoire pour l’Égypte, merci mon Dieu ! »). Le prestigieux Nadi al-Ahly vient de remporter une cinquième couronne continentale – la deuxième consécutive -, brisant net le rêve du Club sportif sfaxien (CSS). Le club cairote empoche du même coup la bagatelle de 950 000 dollars et obtient l’assurance de participer, du 10 au 17 décembre au Japon, à la Coupe du monde des clubs de la Fifa, ce qui lui garantit une prime minimale de 1 million de dollars.
Pour le club tunisien, qui devra se contenter de 650 000 dollars versés par la Confédération africaine de football (CAF), la déception est terrible. Lors du match aller, le 29 octobre au Caire, ses joueurs, parfois qualifiés de « Brésiliens de la Tunisie » en raison de leur style de jeu souvent spectaculaire et offensif, étaient parvenus à tenir en échec leurs adversaires égyptiens ?(1-1) et, surtout, à marquer un but à l’extérieur – un avantage souvent décisif. Ils abordaient donc ce match retour gonflés à bloc. « Le jour de gloire est arrivé ! » avait même imprudemment titré un quotidien tunisois. Bref, le CSS ne doutait pas une seconde de remporter enfin cette Ligue africaine des clubs champions que l’Espérance sportive de Tunis (en 1999 et 2000), puis l’Étoile sportive du Sahel (en 2004 et 2005), avaient laissé in extremis échapper. Le stade de Sfax ne pouvant accueillir que quinze mille spectateurs, c’est au Stade du 7-Novembre, à Radès, qu’a eu lieu ce « rendez-vous avec l’Histoire ».
À l’assurance de l’entraîneur sfaxien Mrad Mahjoub, un baroudeur qui navigue depuis vingt ans entre les clubs locaux et ceux du Golfe, le coach d’al-Ahly, le Portugais José Manuel, avait répondu par un optimisme provocateur. Mais il a quand même été surpris par la tactique de son collègue. Plutôt que de lancer ses troupes à l’attaque, Mahjoub a fait le choix dangereux de défendre bec et ongles le maigre avantage obtenu au Caire. Un score de 0-0 eût en effet suffi au bonheur des Tunisiens
Du coup, la première mi-temps fut simplement indigente : défenses regroupées, marquage impitoyable, duels musclés, tacles assassins, longs dégagements aériens et erreurs techniques à la pelle Conscient que son équipe courrait à sa perte, le coach égyptien s’est intelligemment résolu à changer ses plans après le repos, remplaçant un demi-récupérateur (Akwete Mensah) par un avant-centre (Emad Motaeb), renforçant son milieu de terrain (Islam el-Shater, puis Wael Riad) et replaçant son meilleur élément, Mohamed Aboutrika, à son vrai poste de soutien offensif. Le jeu d’al-Ahly s’en est aussitôt trouvé transformé (relance précise sur les côtés, progression latérale de la construction, permutations des attaquants de pointe et frappes à mi-distance), tandis que les Sfaxiens restaient arc-boutés sur leurs buts. Où étaient donc passés les « Brésiliens » ? Le gardien Ahmed Jaouchi a eu beau multiplier les exploits, ce qui devait arriver arriva, dans le temps additionnel
Comme d’habitude en ces circonstances, Mrad Mahjoub s’est efforcé d’éluder sa responsabilité dans la défaite en mettant en cause l’arbitre béninois Coffi Codjia qui aurait « volé le trophée » à son équipe. Mais la vérité est que les risques offensifs pris par José Manuel en seconde période ont payé. Et qu’al-Ahly, qui fêtera son centenaire à la fin de l’année prochaine, a bien mérité son cinquième titre continental.

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