Martti Ahtisaari, inlassable VRP de la paix

À 69 ans, cet ancien président de la République a entamé une nouvelle carrière. Il s’est spécialisé dans la prévention ou la résolution des conflits armés.

Publié le 20 novembre 2006 Lecture : 3 minutes.

Un citoyen namibien, né en Russie de père norvégien, parlant le suédois, le français, l’allemand, le russe et le finnois pourrait-il devenir président de la République de Finlande ? La réponse tient en un nom : Martti Oiva Kalevi Ahtisaari. Ce blond replet de 69 ans est né le 23 juin 1937 en Carélie, à Viipuri (aujourd’hui Vyborg, en territoire russe). Venu de la Norvège voisine, son père avait acquis la nationalité finlandaise huit ans auparavant. Diplomate reconnu, Martti Ahtisaari a accédé à la fonction suprême en 1994 et présidé aux destinées de la Finlande jusqu’en 2000, avant de s’atteler de nouveau à son passe-temps favori : promouvoir la paix dans le monde. Ambitieux programme, à l’image d’une carrière remarquable aux postes avancés de la diplomatie internationale.

Jeune enseignant diplômé de l’université d’Oulu en 1959, Martti Ahtisaari répond très tôt à l’appel du lointain. Membre de la Young Men’s Christian Association (YMCA), il quitte les lacs et les aurores boréales de sa Finlande natale pour devenir professeur d’éducation physique à Karachi, au Pakistan. L’aventure dure trois ans et le transforme en militant actif des organisations d’aide au développement. Un engagement qui débouche tout naturellement sur la diplomatie. En 1973, il est nommé ambassadeur de la République de Finlande en Tanzanie. Ses prérogatives s’étendent alors à la Somalie, au Mozambique et à la Zambie. C’est là, à Dar es-Salaam, qu’il noue ses premiers contacts avec la Swapo (South-West African People’s Organisation) de Sam Nujoma. À l’époque, la Namibie est appelée Sud-Ouest africain et administrée par l’Afrique du Sud. Mais dès 1973, la Swapo est reconnue comme représentant unique du peuple namibien par les Nations unies. Nommé commissaire des Nations unies pour la Namibie et représentant du secrétaire général, Martti Ahtisaari et ses 8 000 Casques bleus vont accompagner le pays jusqu’à l’indépendance et aux premières élections libres qui conduiront Sam Nujoma à la présidence, en 1989.

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Devenu citoyen d’honneur de la Namibie, Martti Ahtisaari n’en demeure pas moins finlandais, et il accepte le poste de ministre des Affaires étrangères en 1991. À ce titre, il participe aux médiations concernant l’invasion du Koweït par Saddam Hussein. Sa modération lui coûtera, dit-on, le poste de secrétaire général des Nations unies Deux ans plus tard, investi par le Parti social-démocrate, Martti Ahtisaari est le premier président finlandais à être élu au suffrage universel. Charge qu’il assume pendant six ans (1994-2000) et au cours de laquelle la Finlande adhère à l’Union européenne (1995).
D’habitude, les présidents s’accrochent à leur fonction comme des moules à leur rocher. Pas Ahtisaari. En 2000, il ne se représente pas et reprend ses activités de VRP de la paix. Membre d’une équipe chargée de veiller sur le désarmement de l’Armée républicaine irlandaise (IRA), envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour les crises humanitaires dans la Corne de l’Afrique ou pour superviser les négociations sur le statut final du Kosovo, Ahtisaari est présent partout où la diplomatie peut encore venir à bout d’une crise. Et comme si cela ne suffisait pas, cet homme pour qui « un bon traité de paix est plus simple que le mode d’emploi d’un appareil ménager » crée la Crisis Management Initiative (CMI, www.ahtisaari.fi), ONG spécialisée dans la gestion des crises, notamment entre l’Indonésie et la province d’Aceh De quoi justifier sa présence sur la liste des possibles lauréats du Nobel de la paix en 2006. Figurant parmi les favoris, il a finalement été « battu ». C’est le Pakistanais Muhammad Yunus, fondateur de la Grameen Bank, la première institution de microcrédit, qui a hérité de la prestigieuse distinction.

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