Intervention turque en Libye : la Tunisie, vraiment neutre ? La question divise la classe politique

Bien que la présidence assure vouloir maintenir le principe de neutralité dans le conflit libyen, certains députés craignent que, sous la pression du président turc Recep Tayyip Erdogan, Tunis ne finisse par se ranger derrière le chef du gouvernement d’union nationale (GNA) Fayez al-Sarraj.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan en visite à Tunis, aux côtés de son homologue tunisien Kaïs Saïed, le 25 décembre 2019. © AP/SIPA

Le président turc Recep Tayyip Erdogan en visite à Tunis, aux côtés de son homologue tunisien Kaïs Saïed, le 25 décembre 2019. © AP/SIPA

Arianna Poletti

Publié le 8 janvier 2020 Lecture : 4 minutes.

La crise en Libye fait la une de la presse tunisienne. Depuis la décision turque d’intervenir sur le sol libyen aux côtés du Gouvernement d’entente nationale (GNA) libyen de Fayez al-Sarraj contre le maréchal Khalifa Haftar, la scène politique tunisienne s’interroge sur les conséquences d’une éventuelle escalade et surtout sur le rôle que le pays sera amené à jouer.

Mais c’est surtout la visite surprise du président turc Recep Tayyip Erdogan du 25 décembre qui continue de créer la polémique au sein de l’hémicycle. Les interrogations sur un possible accord Tunisie-Turquie étaient, jusqu’à aujourd’hui, restées sans réponse. Une seule certitude : le président Kaïs Saïed a décidé de prolonger à nouveau l’état d’urgence ce 30 décembre.

Des précisions sont finalement arrivées ce mardi 7 janvier : le président turc « n’a pas demandé à son homologue d’utiliser l’espace aérien et maritime tunisiens pour mener des opérations en Libye, a finalement démenti la présidence de la République dans un communiqué. La Tunisie est attachée à sa souveraineté nationale ». Une information anticipée par la déclaration de Rachida Ennaifer, chargée de la communication de Kaïs Saïed, qui a souligné qu’« Erdogan a quitté la Tunisie agacé » car « nous refusons catégoriquement toute interférence étrangère en Libye. Cette position ne changera jamais ».

Des doutes sur un tacite accord entre Erdogan et Kaïs Saïed, repris par plusieurs médias, circulaient depuis deux semaines, amenant plusieurs députés à exiger des éclaircissement de la part de Kaïs Saïed. « Où en sommes-nous ? », se demandait le président de Machrou Tounes, Mohsen Marzouk, auteur d’un long post polémique sur Facebook, publié le 6 janvier, dans lequel il appelait le président à « communiquer avec le parlement et prendre position pour confirmer la neutralité de la Tunisie » et « sa volonté de jouer uniquement un rôle de médiation ». Malgré l’annonce officielle de la présidence, la position tunisienne suscite toujours la polémique.

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