Tunisie : l’emprunt national fait le plein mais rate sa cible

Le troisième emprunt obligataire de l’histoire de la Tunisie n’a pas attiré le grand public mais a séduit les institutionnels.

Ancien conseiller spécial de Donald Kaberuka à la BAD, Hakim Ben Hammouda est le ministre des Finances de la Tunisie depuis fin janvier 2014. © Hichem

Ancien conseiller spécial de Donald Kaberuka à la BAD, Hakim Ben Hammouda est le ministre des Finances de la Tunisie depuis fin janvier 2014. © Hichem

Publié le 25 juin 2014 Lecture : 2 minutes.

Le compte y est ! L’emprunt national de 500 millions de dinars lancé par la Tunisie le 12 mai dernier a même été sursouscrit. Le ministre des Finances Hakim ben Hammouda s’est félicité la semaine dernière des 955 millions de dinars que l’opération a déjà permis de mobiliser. Soit 191 % de la somme initialement prévue, a-t-il ajouté sous les applaudissements.

Cible manquée

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Pourtant à y regarder de plus près, la grande opération de participation citoyenne au budget de l’État semble bien avoir manqué sa cible. En effet : ce sont en majorité des personnes morales (867) qui ont répondu à l’appel, puisqu’elles ont souscrit 94 % du montant de l’opération. Les personnes physiques, elles sont un peu plus de 26 000, et ont mobilisés au total 53 millions de dinars.

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Pour Adel Grar, président du syndicat des intermédiaires en Bourse, qui avait participé à la conception de l’emprunt, le troisième emprunt national de l’histoire de la Tunisie n’a pas atteint son objectif : « l’opération devait toucher le grand public, comme le dernier emprunt de 1986 ! C’était un bon produit avec un taux intéressant, mais on a poussé les institutionnels à souscrire dès la première semaine, il aurait fallu plus communiquer, penser à des incitations fiscales ».

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Celui qui dirige aussi le Jasmin Fund du capital-investisseur Emerging Capital Partners pointe également du doigt les banques qui n’ont pas joué le jeu selon lui, préférant souscrire elles-mêmes, plutôt que d’encourager leurs clients à participer à l’emprunt. En effet, 18 banques ont souscrit à elles seules 400 millions de dinars !

Souscriptions

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« Les banques sont en manque de trésorerie. Et il y avait comme un conflit d’intérêt à les introduire dans la boucle. Désormais elles vont pouvoir refaire souscrire leurs clients à des taux forcément moins intéressants », estime-t-il, ajoutant que l’opération pourrait aussi avoir un impact négatif sur les bons du Trésor, plus adaptés aux acteurs institutionnels. Côté économie réelle aussi le manque à gagner se fera peut être sentir. En effet de nombreuses entreprises privées, mais aussi publiques, se sont pressées de souscrire à l’emprunt national : 793 sociétés ont prêté un total de 326 millions de dinars.

En ce qui concerne les bailleurs individuels, ce sont les plus fortunés qui ont misé sur l’opération, à en croire Adel Grar, avec un nombre important de souscriptions dépassant les centaines de milliers de dinars. La période de souscription qui devait s’achever le 19 juin, a été prolongée jusqu’au 27 de ce mois. Mais seulement pour les personnes physiques.

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