Victor Topanou : « Le Bénin traverse une crise de croissance démocratique »
Rapporteur principal du dialogue politique – controversé – dont les conclusions ont donné lieu, fin 2019, à de profondes modifications constitutionnelles, l’ancien ministre béninois de la Justice Victor Topanou défend le bien-fondé de ces travaux au nom de la nécessité de renforcer le système partisan.
En finir avec la mainmise des acteurs économiques sur la vie politique béninoise en renforçant la puissance des partis politiques. C’est, en quelques mots, le credo défendu par l’ancien ministre béninois de la Justice de Thomas Boni Yayi, qui a été désigné rapporteur principal du dialogue politique convoqué en novembre dernier par le président Patrice Talon.
Vieux routier de la scène politique béninoise, c’est sur le ton mesuré du médiateur qu’il entend être que Victor Topanou revient sur ce dialogue controversé et ses principales conclusions. Sans faux semblant, il aborde aussi la crise politique. « Une crise de croissance démocratique », estime-t-il, espérant que « la parenthèse va bientôt se refermer ».
Jeune Afrique : Une nouvelle flambée de violences a éclaté ce jeudi, à Savè, dans une région réputée comme l’un des bastions de Thomas Yayi Boni, qui avait déjà été le théâtre d’affrontements meurtriers en juin dernier. Quel est votre sentiment sur ces événements ?
Victor Topanou : Il y a, malheureusement, des gens qui ont été incités à la violence, recrutés il y a quelques mois dans des circonstances précises. Depuis quelques temps, certains estiment que le seul moyen d’obtenir quelque chose est de passer par la violence. Mais lorsque ces gens y goûtent, le risque est qu’ils y reviennent. Une forme d’économie de guerre peut se mettre en place, avec des individus qui tirent profit de la situation et qui n’ont aucun intérêt à ce que le calme revienne. C’est triste, mais cela ne m’inquiète pas outre mesure, car le phénomène est cantonné à Savè.
Les principaux ténors de l’opposition étaient absents du dialogue politique, organisé dans le but de mettre fin aux tensions. Cela n’a-t-il pas, dès le départ, jeté une ombre sur ses conclusions ?
Le dialogue n’avait pas pour but de rassembler les leaders de l’opposition, mais de réunir les partis politiques. Tous ceux qui ont une existence légale ont été invités. Un seul a refusé, le DUD de Valentin Houdé. Je sais que la critique vaut plus pour le parti de Sébastien Ajavon, mais l’Union sociale libérale (USL), n’avait pas, alors, de récépissé en bonne et due forme.
La participation de plusieurs cadres du FCBE a aussi été vivement critiquée au sein du parti de Thomas Boni Yayi…
C’est vrai, Thomas Yayi Boni n’y était pas, pour des raisons que tout le monde connaît. Mais son parti était représenté et a pu relayer les exigences qui sont, probablement, celles que Yayi a validées. L’une d’entre elles était d’ailleurs la fameuse loi d’amnistie, qui lui a profité lorsqu’elle est entrée en vigueur. Mais quand le gouvernement invite les partis, il ne lui revient pas de régler leurs problèmes internes.
J’avais beaucoup milité pour que le président essaie de repêcher l’opposition. Cela n’a pas marché
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