[Édito] Umaro Sissoco Embaló, l’ovni de Bissau
Il est le premier président élu de l’année 2020 – proclamé comme tel un 1er janvier, difficile de faire mieux – et, déjà, l’un des plus atypiques. Le vibrionnant Umaro Sissoco Embaló, sorti vainqueur des urnes bissau-guinéennes, détonne dans le monde policé des chefs d’État où il vient de faire son entrée.
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François Soudan
Directeur de la rédaction de Jeune Afrique.
Publié le 14 janvier 2020 Lecture : 5 minutes.
Bouille d’étudiant prolongé, keffieh vissé sur le crâne, babouches aux pieds, volontiers loquace, celui que ses partisans appellent « le général du peuple » a longtemps caché son jeu, ravi d’avoir été sous-estimé, absolument persuadé de son destin national.
Son passé multicarte est un puzzle dont il est parfois difficile d’assembler les pièces : les origines familiales éclatées, entre la Guinée-Bissau, le Mali, la Guinée et le Burkina Faso ; l’armée jusqu’au grade de général de brigade, atteint à la vitesse du son ; des études supérieures au Portugal et en Espagne ; le poste de représentant pour l’Afrique de l’Ouest du fonds d’investissement libyen Laico ; les maroquins de ministre puis de Premier ministre ; l’élection présidentielle enfin, remportée au second tour, alors qu’on ne lui accordait que des chances minimes face au candidat du parti majoritaire. Le tout à 47 ans seulement !
Alpha Condé en ligne de mire
Ajoutons à cela que ce polyglotte effervescent, admirateur de Kadhafi, a su rallier à lui la jeunesse, les militaires et les milieux d’affaires en jurant d’éliminer le narcotrafic et de donner à ce petit pays de 2 millions d’habitants, qui a connu vingt tentatives de putsch (dont quatre réussies) en un quart de siècle d’indépendance, stabilité et respectabilité. Souhaitons-lui d’y parvenir.
Bien s’informer, mieux décider
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