Fragile cessez-le-feu en vigueur en Libye, après des mois de combats

Un cessez-le-feu à l’initiative d’Ankara et Moscou est entré en vigueur dimanche 12 janvier en Libye, pays ensanglanté par plus de neuf mois de combats aux portes de sa capitale, après un intense ballet diplomatique suscité par la crainte d’une internationalisation accrue du conflit.

Des combattants libyens dans l’Est, en 2015 (photo d’illustration). © Mohamed Ben Khalifa/AP/SIPA

Des combattants libyens dans l’Est, en 2015 (photo d’illustration). © Mohamed Ben Khalifa/AP/SIPA

Publié le 12 janvier 2020 Lecture : 3 minutes.

L’homme fort de l’est libyen, le maréchal Khalifa Haftar, qui tente depuis avril de s’emparer de Tripoli, a proclamé ce cessez-le-feu, peu avant son entrée en vigueur prévue à minuit.

Son rival Fayez al-Sarraj, chef du Gouvernement d’union nationale (GNA, basé à Tripoli) a annoncé quelques heures plus tard qu’il acceptait lui aussi une cessation des hostilités, tout en soulignant le « droit légitime » de ses forces de « riposter à toute attaque ».

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La mission de l’ONU s’est félicitée de ces annonces, exhortant les parties « à laisser place aux efforts pour un dialogue interlibyen ».

Calme précaire

Des tirs d’artillerie ont été entendus peu après minuit depuis le centre de Tripoli, avant qu’un calme précaire ne règne sur la banlieue sud de la capitale, théâtre des combats depuis plusieurs mois.

Si aucun mécanisme de surveillance du cessez-le-feu n’a été annoncé, le chef du GNA a appelé dans son communiqué « les commissions militaires proposées par les deux camps à préparer les mesures relatives au cessez-le-feu, sous l’égide de l’ONU.

Depuis le début de l’offensive des pro-Haftar, plus de 280 civils ont été tués, selon l’ONU. D’après la même source, plus de 2 000 combattants ont en outre péri et 146 000 Libyens ont dû fuir les combats, dans un pays en proie au chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.

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Intense ballet diplomatique

L’entrée en vigueur du cessez-le-feu intervient après un intense ballet diplomatique cette semaine, emmené par la Turquie et la Russie, qui se sont imposés comme des acteurs clé.

Les présidents turc, Recep Tayyip Erdogan, et russe, Vladimir Poutine, avaient pris l’initiative mercredi d’appeler les camps rivaux à cesser les hostilités à compter de dimanche.

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Les deux camps semblent avoir cédé aux pressions diplomatiques, face aux craintes d’une internationalisation accrue de ce conflit sur la rive sud de la Méditerranée.

Alors que l’Europe redoute que la Libye ne devienne une « seconde Syrie », la chancelière allemande Angela Merkel s’est entretenue samedi à Moscou avec Vladimir Poutine. « Je compte vraiment sur le fait que, dans quelques heures, (…) les parties cesseront le feu », avait dit le président russe.

En soirée, Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan ont discuté par téléphone afin de réaffirmer leur « volonté de (…) fournir une aide sur tous les aspects pouvant permettre de faire avancer le processus du règlement politique », selon le Kremlin. Ankara avait demandé plus tôt à Moscou de convaincre le général Haftar de respecter le cessez-le-feu.

« Mercenaires »

Au début du mois, la Turquie a déployé des militaires pour soutenir le GNA et est accusée d’avoir envoyé des combattants syriens pro-turcs combattre les pro-Haftar.

La Russie est de son côté soupçonnée d’avoir envoyé des centaines de mercenaires soutenir les troupes du maréchal Haftar, qui bénéficient également de l’appui des Émirats arabes unis et de l’Égypte.

Vladimir Poutine a une nouvelle fois rejeté ces accusations. « S’il y a des citoyens russes là-bas, ils ne représentent pas les intérêts de l’État russe et ne reçoivent pas d’argent de l’État russe », a-t-il argué samedi.

Les États-Unis, qui n’apprécient pas l’implication croissante de Moscou en Libye, ont dénoncé samedi soir le « déploiement de mercenaires russes (…) et de combattants syriens soutenus par la Turquie », dans un communiqué de son ambassade.

Celle-ci a en outre indiqué que de hauts responsables américains avaient rencontré séparément, jeudi à Rome, le maréchal Haftar et le ministre de l’Intérieur et homme fort du GNA, Fathi Bachagha, pour « encourager » une « désescalade » et une reprise d’un dialogue entre parties libyennes.

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