« C koi 7 drôle 2 langue ? »

Les jeunes Tunisiens de plus en plus accros au langage SMS.

Publié le 20 novembre 2006 Lecture : 2 minutes.

Très répandu chez les 15-25 ans, dans le monde entier, le langage SMS (Short Message System) est un nouveau mode d’expression lié à l’utilisation du téléphone portable. En un rien de temps, cette nouvelle forme de communication a fait une spectaculaire percée en Tunisie. Composé d’abréviations, de phonétisations, de sigles et de rébus (« mdr » pour « mort de rire » ; « ght » pour « j’ai acheté », « jtm » pour « je t’aime »), elle est avant tout destinée à faire des économies – d’argent, de temps et d’effort. Envoyer un SMS coûte en effet moins cher qu’un appel téléphonique. Mais l’écriture des messages requiert une certaine dextérité.
Le nombre de caractères des SMS est limité à 150 ou 160, selon les écrans de téléphone. Une contrainte qui impose la concision. D’où l’idée d’élaborer une langue originale, plus simple, plus synthétique, incluant même des symboles graphiques. Les smileys, par exemple, qu’on appelle aussi emoticons, permettent à l’émetteur du message d’informer son interlocuteur de son humeur du moment :?bonne, ?? mauvaise.
De simple technique d’abréviation qu’il était au départ, le langage SMS est en passe de devenir un véritable code linguistique, indéchiffrable par les non-initiés. Rien de mieux, donc, pour s’identifier à une communauté que de s’inventer un dialecte connu de ses seuls membres. Quant aux jeunes Tunisiens, ils mélangent allègrement le français et le dialecte local. Il est ainsi courant de lire sur les écrans des 15-25 ans d’énigmatiques formules, du genre : « chnowa halek ? quoi de 9 ? » (Comment vas-tu ? Quoi de neuf ?) ou « winek ? tes à la fac ? » (Où es-tu ? Tu es à la faculté ?)
Original et amusant pour les jeunes, le langage SMS compte de nombreux détracteurs, inquiets d’aussi vertigineuses libertés prises avec l’orthographe. Parmi eux, bien sûr, beaucoup d’enseignants et de parents d’élèves. « Il n’est pas rare de retrouver dans la copie des étudiants une multitude d’abréviations et de sigles souvent incompréhensibles », s’indigne un professeur de l’Institut des hautes études commerciales de Carthage (IHEC). Ce que confirment les lycéens eux-mêmes. « Il m’arrive de plus en plus souvent d’oublier l’orthographe de certains mots à force de les écrire de manière abrégée dans les SMS », reconnaît l’une d’elle.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires