Tunisie : la Révolution de 1956

Publié le 21 octobre 2003 Lecture : 2 minutes.

S’il est une spécificité dont les Tunisiens tirent fierté, c’est bien des progrès accomplis chez eux dans le domaine de l’émancipation féminine. Certes, dans beaucoup de professions, les femmes sont encore souvent cantonnées à des fonctions subalternes. Nul doute également que les comportements machistes continuent à imprégner les mentalités. Il n’empêche : les Tunisiennes ont appris à se défendre, disposant pour ce faire d’un arsenal juridique sans égal dans le monde arabe.
Tout repose sur le Code du statut personnel promulgué le 13 août 1956, quelques mois à peine après la proclamation de l’indépendance. Ce Code consacre rien de moins que l’égalité des hommes et des femmes dans l’exercice de leurs droits socio-économiques et politiques, tout en entamant sérieusement la prééminence masculine dans plusieurs domaines de la vie familiale. Avec l’abolition de la polygamie et de la répudiation, l’instauration du consentement au mariage ou encore l’affirmation de l’égalité des sexes face au divorce, Habib Bourguiba a donné aux femmes des droits qu’elles n’ont encore à ce jour dans aucun autre pays de la région.
Si le père de l’Indépendance n’avait jamais caché son désir de rompre avec des traditions qui maintenaient ses concitoyennes dans un état d’infantilisme, son successeur, Zine el-Abidine Ben Ali, a apporté sa contribution à l’édifice grâce à une série de mesures moins spectaculaires, mais très importantes dans la vie quotidienne. En 1992, ainsi, la mère s’est vu reconnaître le droit de représenter ses enfants dans les divers actes juridiques tandis que son consentement pour le mariage de sa fille mineure est devenu obligatoire.
Pour les féministes, la législation tunisienne est pourtant loin d’être parfaite. Certaines dispositions discriminatoires subsistent, la plus choquante touchant au régime successoral. Selon la loi coranique qui réglemente l’héritage, la femme, à degré de parenté égal, ne reçoit que la moitié de la part qui revient à l’homme. Revenir sur ce principe serait toucher à l’un des fondements de la charia. Mais un autre tabou n’a-t-il pas été levé, cette même année 1992, lors de la révision du Code de la nationalité ? Jusque-là, une Tunisienne mariée à un étranger ne pouvait transmettre sa nationalité à ses enfants que s’ils naissaient sur le sol tunisien. Cette limitation a été levée. Désormais, en matière de filiation, l’égalité est complète. On peut même imaginer les Tunisiens élire un jour un président né à l’étranger de père étranger. Mais c’est là une autre histoire…

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