Pauvre France…
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Sur les plateaux de télévision, à travers les journaux, dans les salons parisiens, partout dans l’Hexagone, la même interrogation : la France est-elle en déclin ? On ne sait plus si l’édition s’est saisie du thème ou si elle l’a créé, toujours est-il que plusieurs livres l’ayant pour fil conducteur figurent parmi les meilleures ventes. En tête de ces best-sellers, La France qui tombe, de Nicolas Baverez. Croissance en berne, précarité et chômage persistants, grèves à répétition, fiscalité record, déficits publics exorbitants… Le pays de Chirac et de Raffarin aligne les contre-performances. La faute à qui ? Aux élites, de gauche comme de droite, réfractaires au changement, soucieuses avant tout de préserver leurs privilèges.
Sur le plan extérieur, le tableau n’est guère plus brillant : selon l’auteur, Paris s’est ridiculisé en s’opposant à la guerre contre l’Irak de Saddam Hussein sans pour autant avancer de proposition concrète. Dans L’Arrogance française, justement, Romain Gubert et Emmanuel Saint-Martin fustigent cette prétention d’apporter au monde le Droit, la Liberté, les Lumières.
Observateur vigilant de la vie politique française depuis plusieurs décennies, Alain Duhamel abonde lui aussi dans le pessimisme. Parlant d’« essoufflement institutionnel » et de « désenchantement idéologique », il diagnostique la « sclérose d’un système social échafaudé en période de croissance ». Et même les romanciers y vont de leur couplet. Dans Adieu à la France qui s’en va, l’académicien Jean-Marie Rouart, mêlant autobiographie et histoire, décrit, avec le talent qu’on lui connaît, un pays en régression permanente.
En réalité, ce qui est nouveau, ce n’est pas tellement la thèse du déclin, régulièrement évoquée par les médias anglo-saxons. Mais, pour la première fois, comme en un tir groupé, plusieurs intellectuels français de sensibilités diverses reprennent l’idée à leur compte.
La France qui tombe, de Nicolas Baverez, éd. Perrin, 135 pp., 12,50 euros. Le Désarroi français, d’Alain Duhamel, éd. Plon, 230 pp., 18 euros. L’Arrogance française, de Romain Gubert et Emmanuel Saint-Martin, éd. Balland, 240 pp., 18 euros.
Adieu à la France qui s’en va, de Jean-Marie Rouart, éd. Grasset, 280 pp., 18 euros.
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