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Avec une forte criminalité et des procédures très lentes, l’Afrique du Sud ne parvient pas à diminuer le nombre de ses détenus.

Publié le 21 octobre 2003 Lecture : 2 minutes.

Plus d’un viol pour mille habitants, une augmentation de 17 % en dix ans : l’Afrique du Sud bat tous les records en matière d’agressions sexuelles. Si l’on y ajoute les 21 700 meurtres de 2002 et le plus haut taux au monde de morts violentes par armes à feu, la criminalité est un enjeu de taille au pays de Mandela. Et c’est l’une des raisons expliquant le surpeuplement des prisons sud-africaines. Quatre habitants sur mille sont aujourd’hui incarcérés dans les 220 établissements pénitentiaires que compte le pays, un taux d’emprisonnement dépassé seulement par quinze États aux réputations douteuses concernant les droits de l’homme, comme la Thaïlande, l’Ukraine, le Turkménistan ou, premier de la liste… les États-Unis.
Les arrestations quotidiennes dans les rues de Johannesburg et du Cap ne sont pourtant pas la seule explication à l’entassement des détenus dans les cellules du pays. En septembre dernier, presque 38 % des hommes, femmes ou enfants sous les verrous attendaient encore d’être jugés. Dans la province du Gauteng, 600 détenus attendent leur procès depuis plus de deux ans.
Lors d’une audition au Parlement, un député de l’African National Congress (ANC), Nelson Diale, s’est ému de la situation et a remis sur la table le dossier de la lenteur de la justice et du travail de la police. Son propre fils, Letladi, est incarcéré à la prison centrale de Pretoria depuis six ans, pour être entré par effraction dans une maison, et n’est toujours pas passé devant les juges. Son procès a été reporté trente-huit fois. Nelson Diale a connu la prison lui aussi, à Robben Island, pour ses activités antiapartheid. Il condamne d’autant plus la situation des 48 000 prisonniers en attente de jugement qu’elle lui rappelle l’ancien régime où l’on arrêtait les gens sans autre forme de procès.
Letladi Diale a de la « chance » : son père gagne suffisamment bien sa vie pour prendre en charge sa belle-fille et ses deux petits-enfants. Un luxe que beaucoup de prisonniers ne peuvent s’offrir, laissant ainsi leurs familles dans la misère pendant plusieurs années.
Le gouvernement tente donc de prendre le problème à bras-le-corps. En trois mois, la population carcérale s’est allégée de 20 000 détenus, grâce notamment à des sursis et à des libérations surveillées (7 000 personnes), et le ministre de la Justice Penuell Maduna est intervenu auprès des juges pour qu’ils ne laissent pas de prévenus trop longtemps en prison, surtout s’ils sont pauvres.
Avec presque 180 000 détenus, le taux d’occupation des prisons et maisons d’arrêt sud-africaines est encore de 160 %. Ntsiki Mashimbye, le porte-parole des services correctionnels à l’Assemblée nationale, estime qu’il faudrait arriver le plus vite possible à un nombre de 120 000 prisonniers.
Les autorités peuvent malheureusement compter aussi sur les nombreux décès de prisonniers pour atteindre ce chiffre. En huit ans, le taux de mortalité en prison est passé de 1,65 pour mille à 7,75 pour mille. Le sida, là aussi, fait des ravages.

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