La microfinance, une affaire qui marche

Publié le 21 octobre 2003 Lecture : 2 minutes.

Les commerçantes du marché international de Dantokpa, au bord de la lagune de Cotonou, sont les premières à le reconnaître : l’apparition et la multiplication des institutions de microfinance ont eu un impact décisif sur leurs vies. Devant son stand de vente de tissu « wax hollandais », dont le succès dans toute l’Afrique de l’Ouest ne s’est jamais démenti au fil des ans, Salomé confirme : « Nous sommes toutes des habituées de la salle d’attente de l’agence Padme de Dantokpa. Le crédit nous permet d’acheter des tissus pour les revendre. Les conditions pour avoir les crédits sont strictes : les agents du Padme viennent vérifier l’emplacement du stand au marché, ils visitent la maison ou le terrain qui sert de garantie au prêt. Le moindre retard dans le remboursement mensuel donne lieu à une pénalité et ralentit la progression du montant maximum des crédits. Mais quand on respecte toutes les règles, on peut commencer comme moi en empruntant 900 000 F CFA (1 372 euros) et monter ensuite jusqu’à 4 millions. »
Créé en 1993 par le gouvernement béninois avec des fonds de la Banque mondiale, le Padme (Projet d’appui au développement des micro-entreprises) est, depuis décembre 1998, une association gérée par ses clients. En 2001, la Banque considérait le Padme comme l’institution de microfinance la plus rentable d’Afrique. À voir la multiplication de ses agences dans tous les quartiers de Cotonou, son implantation dans les autres villes moyennes du pays et l’encombrement des couloirs du siège, la banque des petits entrepreneurs se porte toujours bien. L’institution accorde des crédits individuels de 20 000 à 5 millions de F CFA sur dix-huit mois, à un taux d’intérêt mensuel de 2 %, mais aussi des crédits de groupe, des crédits de démarrage d’activité et des crédits relais aux organisations non gouvernementales pour refinancer les micro-entreprises situées dans les zones non couvertes par les agences. L’engouement pour la microfinance au Bénin révèle le blocage que représentait l’accès au crédit pour tous ceux souhaitant se mettre à leur propre compte, dans un contexte économique marqué par le chômage et le sous-emploi (celui-ci était estimé à 37,42 % de la population active dans les zones urbaines en 2002). L’obligation faite aux emprunteurs de tenir une comptabilité, même basique, contribue aussi à un apprentissage de la gestion par les micro-entrepreneurs du secteur informel.
Selon Christiane Omichessan, la coordonnatrice de la cellule de microfinance au ministère des Finances et de l’Économie, plus d’une centaine d’institutions ont mobilisé une épargne de près de 32 milliards de F CFA et distribué 46 milliards de crédits en 2002, soit environ 21 % du crédit bancaire total au secteur privé.

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