Les grandes tendances économiques de l’Afrique en 2020 analysées par l’AFD

L’Agence française de développement (AFD) et les éditions La Découverte ont décidé de combler le vide qui existait en matière d’économie africaine, alors que chaque année, paraissent des ouvrages analysant l’économie mondiale ou l’économie française. L’institution financière publie pour la première fois un livre sur « L’économie africaine » (1).

Rémy Rioux (France), directeur général de l’Agence française de développement (AFD). A Paris, le 16.09.2016. © Vincent Fournier/JA © Vincent Fournier/JA

Rémy Rioux (France), directeur général de l’Agence française de développement (AFD). A Paris, le 16.09.2016. © Vincent Fournier/JA © Vincent Fournier/JA

ProfilAuteur_AlainFaujas

Publié le 17 janvier 2020 Lecture : 2 minutes.

C’est l’Afrique « en train de se faire » que Rémy Rioux, directeur général de l’Agence française de développement, a voulu voir analyser dans cet ouvrage résolument optimiste car, « loin de l’image d’un continent figé dans le passé, les mutations y sont rapides et profondes ». Le principal objectif est donc de battre en brèche les nombreuses idées reçues sur ce continent.

Perpétuel malade l’Afrique ? Faux, dit le premier chapitre consacré à ses grandes tendances macro-économiques : la croissance de son produit intérieur brut (PIB : +3,2 % en 2019) n’est dépassée que par l’Asie (+5,9 %). En déshérence, le Sahel ? Faux encore : ce sont ses pays membres (Burkina Faso, Cap-Vert, Gambie, Guinée-Bissau, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad) qui progressent le plus vite de toute l’Afrique (+5,4 % en moyenne).

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La montée de l’endettement ? Pas si catastrophique, dit le chapitre 2, puisque l’encours de la dette publique africaine représente 56 % du PIB continental, quand les États-Unis et nombre de pays européens ont dépassé les 100%. Reste que les États vivent un véritable dilemme entre leurs énormes besoins d’investir pour créer les conditions d’un décollage économique d’une part et le risque de ne pouvoir rembourser ces emprunts d’autre part.

53 % des migrants africains demeurent sur le continent

Le « miracle » de l’industrialisation asiatique se répétera-t-il en Afrique ? Peu vraisemblable, analyse le chapitre 3. L’exemple éthiopien et ses ambitieux parcs industriels ne créent ni beaucoup d’emplois, ni de grandes recettes. Le manque de qualification de la main d’œuvre et le manque d’électricité notamment font obstacle à l’arrivée d’investissements privés. L’urbanisation accélérée de l’Afrique (+4 % de population urbaine en plus chaque année) est-elle une chance ? Oui, souligne le chapitre 4, si ce sont les villages qui deviennent des villes et pas les grandes villes qui se changent en mégapoles où 43 % des habitants vivent sous le seuil de pauvreté faute d’infrastructures.

Quel est le grand problème qui paralyse le développement du continent ? Les questions foncières, répond le chapitre 5. Dans des pays où 60 % à 70 % de la population active travaillent dans l’agriculture, l’imbroglio entre les régimes fonciers issus de la colonisation (propriété publique), les appropriations individuelles ou collectives, temporaires ou définitives empêche l’agriculture de prendre son essor, alors qu’elle est le meilleur outil pour faire reculer la pauvreté.

La « bombe migratoire » africaine ? Sachons raison garder, plaide le chapitre 6. En effet, 53 % des migrants africains demeurent sur le continent. Ces migrants sont de plus en plus des femmes, des jeunes et des diplômés. En 2017, les transferts de fonds des diasporas africaines vers leur pays d’origine ont atteint 74 milliards de dollars, soit 50% de plus que l’aide publique en provenance des pays riches dont bénéficie l’Afrique. Ces migrants créent ainsi une partie des conditions du développement qui permettra aux générations futures de trouver du travail dans leur patrie.

Cover AFD L'économie africaine 2020 © AFD

Cover AFD L'économie africaine 2020 © AFD

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(1) L’économie africaine 2020, Agence française de développement, Ed. La Découverte, Collection Repères, janvier 2020, 128 pages, 10 €.

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