Hagiographie poids lourd

Publié le 21 octobre 2003 Lecture : 1 minute.

En larges lettres d’or sur la couverture d’un énorme livre : GOAT. Ce n’est pourtant pas de « chèvre » qu’il s’agit, mais de boxe. Et plus particulièrement du « plus grand boxeur de tous les temps » (Greatest Of All Time), Cassius Clay, alias Mohamed Ali. Présent à la Foire internationale du livre de Francfort (voir pp. 102-103), le visage métamorphosé par une inhabituelle moustache « à la Clark Gable », Ali était venu présenter le livre que lui consacrent les éditions Taschen. Impossible d’échapper à la promotion monstre orchestrée autour de l’ancien champion du monde, âgé de 61 ans et atteint de la maladie de Parkinson. Prospectus, affiches, photos géantes, conférence de presse en grande pompe et véritable ring pour mettre en valeur un livre qui sort de l’ordinaire : produit en seulement 10 000 exemplaires numérotés, il mesure 50 centimètres sur 50, pèse 34 kilos, pour 800 pages illustrées de 3 000 photos et de textes souvent inédits. L’élaboration du livre et sa campagne de lancement ont coûté à Benedikt Taschen (directeur et fondateur de la maison du même nom) la bagatelle de 10 millions d’euros. Ce qui explique sans doute le prix exorbitant de l’album : 7 500 euros pour les mille premiers exemplaires, 3 000 pour les suivants. Rares sont donc ceux qui pourront se permettre d’acheter l’un des livres les plus mégalomaniaques de l’histoire de l’édition, conçu sous la houlette de l’artiste américain Jeff Koons, avec la participation d’écrivains, comme Norman Mailer, et de grands noms de la photographie, comme Neil Leifer et Howard Bingham. GOAT n’est donc pas un livre, mais un monument hagiographique unique et, en quelque sorte, une oeuvre d’art : pour ceux qui ne peuvent l’acheter demeurent les rêves qu’il engendre.

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