Good luck Gyude !

Publié le 21 octobre 2003 Lecture : 2 minutes.

Il est grand et plutôt costaud, mais n’a jamais étripé qui que ce soit : il préfère le costume sombre à la tenue de camouflage du chef de guerre. On l’aura compris : le CV du nouveau président libérien n’a rien de commun avec celui des anciens présidents Samuel Doe et Charles Taylor. Lors de son arrivée, le 13 octobre, à l’aéroport de Monrovia, en provenance du Ghana, Gyude (prononcez Judi) Bryant a été accueilli par une cérémonie religieuse. Et quand le cortège s’est ébranlé en direction du centre-ville, la foule l’a acclamé, tel Jésus, en agitant des feuilles de palme en guise de rameaux d’olivier. Il est vrai que le nouveau chef de l’État est un haut responsable de la très influente Église épiscopalienne…
Le lendemain, Bryant, 54 ans, a prêté serment dans l’enceinte du Parlement, dûment sécurisée par les Casques bleus de la Mission des Nations unies. Diplômé en économie du Cuttington University College, une université privée locale, il était jusqu’à présent davantage connu pour ses qualités d’homme d’affaires que pour ses activités politiques. Lesquelles ne datent pourtant pas d’hier. Son entreprise d’importation d’équipements industriels (Liberia Machinery and Supply Company) prospère depuis sa création, en 1977. Mais il est aussi l’un des fondateurs, en 1984, du Liberia Action Party (LAP), dont il est devenu le président en 1992, deux ans après le début de la première guerre civile. Bryant n’a jamais quitté son pays, sauf au mois de juin dernier, où il a représenté son parti aux négociations de paix d’Accra. Cette fidélité à sa terre, sa constance dans la défense de la démocratie et, surtout, sa modération naturelle ont indiscutablement compté dans sa désignation, le 21 août, comme chef du gouvernement de transition.
Bryant n’a pas perdu de temps. Le jour même de son investiture, il a annoncé l’abolition du monopole de la commercialisation du riz et des produits pétroliers, qui profitait surtout aux amis de Taylor et tirait les prix vers le haut, et la suppression du visa de sortie du territoire. Mais sa tâche est gigantesque : il va lui falloir désarmer près de 45 000 combattants, dont une moitié d’enfants, rétablir les services publics, réinstaller des milliers de déplacés dans leurs villages, relancer une économie au point mort… Si Bryant compte sur le soutien politique, militaire et financier de la communauté internationale jusqu’en janvier 2006, terme prévu de son mandat, il n’a aucune garantie quant à la bonne volonté des membres de son administration.

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